Plus jamais d'argent de la zakat ni de dons dans les mosquées. Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs décide de mettre fin à ces opérations longtemps décriées, parfois entachées d'irrégularités, et surtout entourées de flou. La suppression de la collecte d'argent dans les lieux de culte devra être validée dans les prochaines heures, d'après Mohamed Aïssa. Le ministre des Affaires religieuses des Wakfs a fait savoir que «la Commission ministérielle chargée du Fond de la zakat a été convoquée, pour délibérer sur la décision de retrait des fonds de la zakat et des dons des mosquées de la République». Une démarche que Aïssa a justifiée dans une annonce sur sa page facebook, par le souci de préserver, d'une part, «l'esprit de l'imam et sa sécurité», et d'autre part, «la sacralité et l'image de la mosquée». Deux paramètres qui passent «avant tout», a appuyé le ministre. Immédiatement, la publication a suscité beaucoup de réactions en majorité positives et «favorables», prenant acte d'un «courageux» pas permettant de mettre fin à la spéculation, qui entoure souvent les opérations de collecte d'argent à travers les mosquées, et visant en premier lieu les imams.Les fonds de la zakat et les quêtes d'argent organisées dans les mosquées ont souvent été sujets à polémique. Les accusations de détournements ont souvent collé à ces opérations. Il ne se passe presque plus aucune année, sans qu'un imam soit cité dans une affaire de détournement de fonds. À tort ou à raison, c'est toujours l'image de l'imam qui en pâtit, alors que la confiance des citoyens en ces opérations ne cesse de diminuer. Et vu les sommes faramineuses collectées chaque année, notamment de la zakat, à l'occasion de la fête de l'Aïd El Fitr, les soupçons pèsent lourdement sur sa crédibilité. Mises à part quelques déclarations, les autorités ne donnent pas de bilan détaillé sur les destinées de l'argent de la zakat. Pour l'année 2018, le montant global officiel de la collecte de la Zakat a atteint 1,456 milliard de dinars. Selon le ministre, il s'agit du plus élevé chiffre enregistré depuis la création du fonds de la Zakat, en 2002. Un bilan qui reflète «la confiance grandissante placée par les bienfaiteurs en ce fonds, mais aussi l'efficacité et l'abnégation des responsables de ce projet», s'était-il exclamé. Par ailleurs, la marche des autorités vers la suppression des la zakat, et surtout des dons devenus une pratique anarchique dans les mosquées, est salutaire dans la mesure où elle contribue à couper définitivement les vannes, à certaines associations religieuses ou autres parties aux idées intégristes qui, parfois, ont accès à l'argent, et donc décider de son orientation. En tout état de cause, la démarche ne devra pas trouver une opposition, surtout que le syndicat des imams s'est d'ores et déjà réjoui. Prenant acte de l'initiative du ministre, le secrétaire général de la Coordination nationale des imams et fonctionnaires des affaires religieuses, Djelloul Hadjimi, a, cependant, appelé Aïssa à «associer le partenaire social» dans la prise de décision. Hadjimi rappelle que les imams ont déjà défendu cette revendication. «Nous avons toujours appelé à trouver des mécanismes permettant de blanchir l'imam et le protéger contre les accusations», a-t-il fait savoir, précisant que leur proposition était toute simple. Elle se résume en «la généralisation et la répartition des fonds de la Zakat à travers les institutions de la république comme les ministères, les administrations, les instituts d'enseignement et d'éducation, les lieux de travails, … de façon à faciliter au citoyen de donner sa zakat». Ce qui permettra aussi à l'imam de se consacrer à sa mission religieuse, sans plus.