Les policiers imitent les gilets jaunes et protestent. Les Français ne connaîtront pas l'accalmie très prochainement. Les gilets jaunes inspirent les policiers qui parlent de contestations à cause de la fatigue après plusieurs semaines de mobilisation. C'est le syndicat qui parle de mécontement. Le syndicat SGP Police-Force ouvrière a annoncé le mécontentement, faisant valoir notamment la fatigue des membres des forces de l'ordre, après plusieurs semaines de manifestations des Gilets jaunes. «Les policiers ne bénéficient d'aucune reconnaissance», a dit le syndicat SGP Police-Force ouvrière sur Twitter, en annonçant dans la foulée la colère des policiers. Quelques heures après cette annonce, la déléguée syndicale d'Unité SGP Police-Force ouvrière Linda Kebbab, a confirmé sur BFMTV la naissance du mouvement de protestation : «Au premier janvier 2019, le gel du point d'indice des fonctionnaires reprend. Il y a quelques jours, alors qu'on parlait de la mobilisation héroïque des policiers, le Sénat votait l'allongement des journées de carence en cas d'arrêt maladie. Bref, on a beaucoup de dispositions […] qui sont contraires aux intérêts sociaux des salariés et plus particulièrement des policiers. Je viens vous l'annoncer solennellement, l'acte 1 des policiers se prépare. L'expression de cette exaspération témoigne une nouvelle fois du climat de défiance qui s'installe au sein de certains syndicats policiers vis-à-vis du gouvernement». Le 5 décembre dernier, le syndicat de police Vigi avait déposé un préavis de grève illimitée à partir du 8 décembre, qui concernait certains fonctionnaires du ministère de l'Intérieur. L'organisation avait par ailleurs appelé les forces de l'ordre à user de leur droit de retrait qui permet à tout salarié d'arrêter son travail et de quitter son lieu de travail. Le 3 juillet, un texte sénatorial avait dressé un tableau très sombre de l'état des forces de sécurité intérieure, et en particulier de la police nationale française, parlant de fonctionnaires au bord de la rupture. Les policiers ont été mobilisés par milliers pendant plusieurs semaines pour empêcher les confrontations durant les protestations des Gilets jaunes. Pendant les contestations, les Gilets jaunes ont appelé les policiers à rejoindre les protestations. Des confrontations avaient opposé les gilets jaunes aux policiers. L'exécutif appelle au calme après un mois de blocages, des centaines de milliers de personnes dans les rues et des scènes d'insurrection, la journée de samedi a marqué, selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur à Pollingvox, «la fin d'un cycle de mobilisation». Même si plusieurs appels à un acte VI circulent sur les réseaux sociaux pour samedi prochain et même vendredi, jour des 41 ans d'Emmanuel Macron, l'apaisement était palpable dimanche en régions. «Ça n'a plus rien à voir ; ce matin on a compté 13 gilets jaunes dans tout le département», ont indiqué les gendarmes de la Nièvre. «Quasiment pas de mobilisation ce matin», abondait un gendarme de Savoie. Situation «très calme», ajoutait-on auprès de la préfecture de Gironde. «Les combats sont finis, le débat, c'est maintenant», a souligné le président de l'Assemblée Richard Ferrand, un proche d'Emmanuel Macron. Mais pas question de crier victoire. Si la participation est moindre, les problèmes ne sont pas résolus pour autant, a dit François Bayrou, patron du MoDem et allié de la majorité. Difficile effectivement de conclure à une quelconque défaite des Gilets jaunes qui ont obtenu bien plus que les syndicats ou partis d'opposition avant eux. Annulation de la hausse de la taxe carbone, gel des tarifs de l'électricité et du gaz, hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, heures supp défiscalisées, exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2000 euros… la liste des concessions arrachées au président Macron est spectaculairement longue. «Ils ont réussi à faire reculer un pouvoir qui pourtant paraissait très fort», note Jérôme Sainte-Marie. Au-delà des mesures qui coûteront 10 milliards d'euros à l'Etat, selon M. Ferrand, les Gilets jaunes ont réussi à pousser le président Macron à modifier sa manière d'exercer le pouvoir. Cette tentative de rapprochement doit se cristalliser lors de la «grande concertation nationale» que l'exécutif lance sur deux mois et demi. Les détails du débat doivent être connus dans la semaine. Il doit s'appuyer fortement sur les maires et aborder quatre grands thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'Etat, démocratie et citoyenneté, auxquels on a inclus l'immigration). En préambule, l'Association des Maires ruraux de France a lancé un appel demandant à la France périphérique d'imposer une parole commune face à la cécité de beaucoup de dirigeants. Selon le président de l'association Vanik Berberian, la demande est forte. L'ouverture de cahiers de doléances dans de nombreuses communes a rencontré un très grand succès. Pour François Bayrou, ce débat va, si on le fait bien, changer l'avenir du pays. Jean-Luc Mélenchon, en revanche, estime que ce sera qu'un «grand blabla». Après la taxe carbone, les revendications des Gilets jaunes se sont rapidement élargies à d'autres thèmes. Samedi, les manifestants étaient nombreux à réclamer l'organisation d'un «RIC», un référendum d'initiative citoyenne. Richard Ferrand s'est dit prêt à ouvrir ce débat mais à condition que l'on fixe certaines règles comme par exemple le taux de participation, pour s'assurer que l'expression populaire ne soit pas trahie par des minorités. Les revendications diverses et parfois contradictoires d'un mouvement aussi peu structuré que celui des Gilets jaunes rendent très difficile toute prédiction quant à ses éventuels débouchés politiques. «Qu'ils s'organisent et qu'ils aillent aux élections», a suggéré M. Ferrand. L'eurodéputé du Rassembelent national Nicolas Bay a jugé peu crédible cette hypothèse, mais verrait d'un bon œil que «des Gilets jauness'impliquent en politique à nos côtés». Pour Jérôme Sainte-Marie, l'exécutif a surtout intérêt à tenir ses promesses. Sinon «il y a un risque de reprise de mobilisation très important. Car les gens ont pris conscience de leur pouvoir», dit-il. «L'engagement du président sera tenu», a assuré Richard Ferrand qui en appelle à la responsabilité des parlementaires pour valider jeudi à l'Assemblée et vendredi au Sénat les mesures, afin qu'elles soient applicables dès janvier.