La candidate de l'opposition à Taïwan, Tsai Ing-wen, a remporté une victoire écrasante à la présidentielle de samedi. Cette femme favorable à l'indépendance a promis de ne pas "provoquer" Pékin. "Notre système démocratique, notre identité nationale et notre intégrité territoriale doivent être respectés. Toute forme de violation affectera la stabilité des relations entre les deux rives du détroit ", a déclaré à la presse Mme Tsai. Plus tôt, la candidate du Parti démocratique progressiste (PDP) avait promis d'œuvrer "à maintenir la paix et la stabilité" dans les relations avec la Chine. "Nous devons nous assurer qu'il n'y aura aucune provocation ou accident", avait-elle ajouté. Large victoire Selon un comptage portant sur plus de 50% des bulletins de vote diffusé par la télévision taïwanaise FTV, Mme Tsai a recueilli 58,1% des voix, devant Eric Chu (32,5%), candidat du parti au pouvoir, le Kuomintang (KMT). Le KMT a rapidement reconnu sa défaite. "Je suis désolé... Nous avons perdu (...) Nous n'avons pas travaillé assez dur et nous avons déçu les attentes des électeurs", a dit Eric Chu, entouré de ses partisans le visage fermé. Il a démissionné de la présidence du parti nationaliste. Le PDP espérait aussi remporter, pour la première fois, la majorité des 113 sièges au Parlement monocaméral aux législatives qui se déroulaient le même jour.
Malaise face à Pékin En votant pour le principal parti d'opposition, les Taïwanais ont clairement exprimé leur souhait de tourner le dos à huit ans de rapprochement avec la Chine, menés sous l'égide du président sortant Ma Jing-jeou. Mme Tsai, une ancienne universitaire de 59 ans, a vraisemblablement bénéficié du malaise croissant suscité par les relations bilatérales avec Pékin et de la frustration d'une partie des 18 millions d'électeurs face à la stagnation économique. Malgré la signature d'accords commerciaux et un boom touristique à Taïwan, nombre d'habitants estiment qu'en étant devenue dépendante économiquement de Pékin, l'île a perdu de son identité et de sa souveraineté. Beaucoup estiment aussi être les laissés-pour-compte d'une politique qui n'a profité qu'aux grandes entreprises.
Détermination chinoise De son côté, la Chine a averti qu'elle continuerait à s'opposer aux activités de Taïwan visant à l'indépendance. La détermination de Pékin en ce qui concerne la protection de son territoire et de sa souveraineté est "aussi dure qu'un roc", a déclaré samedi le Bureau chinois des Affaires taïwanaises dans un communiqué. La République populaire considère toujours Taïwan comme une partie intégrante de son territoire qu'elle peut reprendre par la force le cas échéant.
Pas de retour de bâton immédiat La plupart des experts estiment inévitable une certaine dégradation des relations. Mais ils pensent qu'un retour éventuel de bâton ne sera pas immédiat, car s'aliéner Taïwan irait à l'encontre de la réunification souhaitée par la Chine. "Les relations vont être plus compliquées, moins prévisibles. Elles vont se détériorer mais l'intérêt de Pékin c'est de maintenir Taïwan dans la dépendance économique", estime Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong.
Avions américains obsolètes La force aérienne de Taïwan aura l'opportunité de se doter d'avions à décollage et atterrissage verticaux dont elle a besoin. Selon l'hebdomadaire Defense News, Taïwan aura cette opportunité quand le Corps des Marines américains procèdera au remplacement de ses McDonnell Douglas AV-8 Harrier, développés dans les années 1970 et devenus obsolètes, par les plus récents Martin F-35 Lightning II. Le Pentagone devra proposer à Taïwan les avions en question dans le cadre du programme de coopération militaire. L'hebdomadaire américain signale que Taïwan voudrait se procurer des avions plus modernes, mais il est peu probable que le gouvernement américain accepte de les lui vendre. L'hebdomadaire précise que Taïwan ne possède pas d'avions à décollage et atterrissage verticaux ou courts, ce qui ne lui permet pas d'être à la hauteur lors d'une menace potentielle depuis la Chine continentale.