Le dernier vendredi de l'an 2968. Aussi le dernier jour du même an. Alger, en dépit de la pluie et, parfois de la grêle, fait sa coquette. Parée de couleurs vives, elle semble puiser le bonheur dans différentes époques. Aussi dans différentes régions du pays. En un mot, elle renoue avec son histoire, avec toute l'histoire de l'Algérie… A la rue Didouche Mourad, des bijoux et des robes kabyles d'un raffinement presque obsessionnel sont exposés, au grand bonheur des promeneurs. Les prix ? Ils sont plutôt raisonnables. «Nous vendons au prix de l'atelier», assure une exposante. Et d'ajouter : «Ce n'est pas toujours Yennayer. Nous profitons pour promouvoir nos produits, tout en faisant profiter les autres. C'est important et pour nous et pour nos traditions que nous voulons maintenir». Le tapis d'Aït Hichem, dont la notoriété est définitivement établie, est aussi fortement présent. Ce sont, à n'en pas douter, des pièces d'art. «Nous avons une réputation que nous devons sauvegarder, dit un exposant. C'est après tout le gagne-pain de beaucoup de familles». Ce n'est pas tous les exposants qui, comme on peut s'y attendre, qui viennent de la Kabylie. Des couffins traditionnels, en guise d'exemple, produits par des femmes de Blida, sont exposés à la place de la Grande Poste. «Nous, nous ne faisons que rajouter des décors berbères», affirme le vendeur. La poterie n'est en reste. C'est de Draa Ben Khedda que Farid s'est déplacé, à l'instar de beaucoup d'exposants, pour toute une semaine. Pour bagage, il a un sourire et des ustensiles en terre cuite si bien décorés. «C'est ma mère qui les faits !», dit-il, fier. Si quelques exposants plieront bagage aujourd'hui (samedi), d'autres, pris en charge par la Chambre d'artisanat et des métiers pour la somme symbolique de 10 000 da, continueront à exposer jusqu'à mardi 15 janvier. Ruée sur les friandises et le poulet Durant ce temps, le palais des Rais continue à abriter une exposition d'artisanat et de produits du terroir. Ainsi, poteries, bijoux, tapis et autres produits y sont étalés. Une autre exposition est aussi organisée à la salle l'Afrique. Là aussi, on trouve bijoux, robes kabyles, poteries, plats traditionnels… Le centre culturel Larbi ben M'hidi, en partenariat avec l'association «Le défi de la femme au foyer», abrite, lui aussi, une exposition de même genre. «D'une pierre, deux coups, lance une dame à la fois exposante et organisatrice. Nous fêtons Yennayer tout en aidant les femmes au foyer, souvent dans le besoin, à promouvoir leurs produits». En somme, une vraie atmosphère de fête à laquelle les friandises ont été grandement conviées. Fruits secs et confiseries sont exposés en grande quantité dans les marchés d'Alger. À raison de 700 da le kilo, des quantités considérables ont été écoulées, affirment les vendeurs. Le poulet, depuis toujours (du moins longtemps) présent dans le dîner de Yennayer s'est vendu, quant à lui, comme des petits pains. «ça va bien avec le couscous, dit un homme venu faire ses courses au marché Réda Houhou (ex-Clauzel). Aussi loin que je me souvienne, c'est avec ça que ma famille fête le nouvel an berbère». Et au vendeur de rétorquer, avec un clin d'œil : «Yennayer a bien sauvé la mise».