Dans une conversation datée de septembre 2017, MBS déclare à un proche conseiller, Turki Al-Dakhil, qu'il utiliserait «une balle» contre le journaliste saoudien si ce dernier ne rentrait pas en Arabie saoudite et ne mettait pas en sourdine ses critiques à l'égard du régime. Des révélations embarrassantes pour Riyad ont relancé jeudi le débat sur le rôle du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Selon des sources des renseignements américains et étrangers ayant eu accès aux rapports de surveillance sur l'affaire Khashoggi, le New York Times a publié jeudi de nouvelles révélations, pointant du doigt la responsabilité du jeune et puissant dirigeant du royaume saoudien, surnommé «MBS». Dans une conversation datée de septembre 2017, MBS déclare à un proche conseiller, Turki Al-Dakhil, qu'il utiliserait «une balle» contre le journaliste saoudien si ce dernier ne rentrait pas en Arabie saoudite et ne mettait pas en sourdine ses critiques à l'égard du régime. Plusieurs officiels saoudiens discutaient à cette époque d'un moyen de faire revenir Jamal Khashoggi en Arabie saoudite. MBS évoquait alors l'idée de ramener le journaliste par la force, selon les informations du New York Times. Le journal précise que ses informateurs ont souligné le fait que la mention de l'utilisation d'une «balle» n'était pas à prendre au sens littéral, c'est-à-dire qu'elle ne signifiait pas que MBS comptait faire tuer Jamal Khashoggi par balle. En revanche, elle évoque bien l'envie de se débarrasser de l'homme s'il ne rentrait pas en Arabie saoudite. Quelques jours avant sa conversation avec Turki Al-Dakhil, MBS aurait discuté avec un autre conseiller, Saud al-Qahtani, et se serait plaint de l'influence grandissante de Jamal Khashoggi. Les propos du journaliste contre l'Arabie saoudite nuisaient à l'image réformatrice et moderne renvoyée par le prince héritier. Saud al-Qahtani conseille alors à MBS d'éviter de s'en prendre au journaliste, car toute attaque pourrait entraîner un tollé international. Le prince répond qu'il n'a que faire des réactions des pays étrangers. Ce deuxième conseiller déclare aujourd'hui : «Ces allégations sont catégoriquement fausses. Elles semblent être le fruit des efforts multiples déployés par différentes parties pour lier Son Altesse Royale le prince héritier Mohammed ben Salman à ce crime horrible. Ces efforts seront vains». Riyad dément catégoriquement toute responsabilité de Mohammed ben Salmane dans ce meurtre. Il n'y a pas de preuves irréfutables Le 10 octobre, un groupe de sénateurs américains, républicains et démocrates, ont activé une loi qui oblige Donald Trump à dire au Congrès, dans un délai de 120 jours qui prend fin vendredi, quels ressortissants étrangers il considère responsables de cet assassinat. Le président américain doit également prendre, le cas échéant, des sanctions à leur encontre. Interrogé sur cette obligation légale, le porte-parole de la diplomatie américaine Robert Palladino a répondu jeudi que le gouvernement américain avait déjà sanctionné mi-novembre 17 responsables saoudiens. Or, parmi ces 17 personnes sanctionnées, aucun haut dirigeant saoudien n'a été mis en cause, alors que le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain du président, a adopté par consentement unanime une résolution jugeant le prince héritier «responsable» du meurtre. Après avoir été informés à huis clos à l'automne des conclusions de la CIA, les sénateurs ont assuré avoir été confortés dans leur mise en cause du prince héritier. L'administration Trump affirme ne pas disposer de preuve irréfutable de l'implication directe du dirigeant saoudien. Mais la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires a de son côté affirmé jeudi détenir des «preuves» montrant que le meurtre avait été «planifié et perpétré par des représentants du royaume d'Arabie saoudite».