Les enquêtes menées sur le terrain par la commission de contrôle du gaz et de l'électricité de la Sonelgaz ont révélé que les appareils de chauffage importés, non conformes aux normes de sécurité, étaient à l'origine de l'intoxication domestique au monoxyde de carbone. Selon les déclarations d'Abdelkader Choual, président de cette commission, faites hier sur les ondes de la radio nationale Chaîne I, «les premiers éléments des enquêtes menées suite aux incidents produits depuis le début de l'année en cours, indiquaient que les appareils de chauffage importés sont la cause», mettant en avant l'importance de la sensibilisation auprès des citoyens face aux dangers des appareils défectueux. «Nous n'avons pas le pouvoir d'activer l'enquête, mais nous pouvons intensifier la sensibilisation par le biais des médias, en particulier des chaînes de télévision et des stations de radio», a-t-il déclaré. Une révélation qui vient contredire les déclarations faites par le ministère du Commerce, qui avait pointé du doigt «le recours aux installateurs non agréés à prix bas». Niant la non conformité des appareils importés aux exigences de sécurité, le ministère du Commerce s'en est lavé les mains, de toute responsabilité quant au non contrôle desdits appareils,tant à l'importation que ceux fabricants localement. La Société algérienne de distribution d'électricité et du gaz a signalé «94 accidents en 2018, causés par l'émanation de gaz brûlés de ces appareils, provoquant même des explosions dues à des fuites de gaz». Pour sa part, le responsable de l'information au niveau de la protection civile, Nassim Bernaoui, a fait part d'un bilan effrayant, quant au nombre de personnes décédées suite à l'inhalation de monoxyde carbone. «Depuis le début de l'année 2019, 69 personnes ont trouvé la mort, asphyxiées par le gaz brûlé émanant des différents appareils de chauffage», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «les services de la protection civile ont, durant cette période, porté secours à 775 personnes intoxiquées par le CO». Rien que dimanche dernier, une femme médecin âgée de 27 ans est morte, asphyxiée au monoxyde de carbone émanant d'un chauffage défectueux à Relizane. Durant la même semaine, quatre personnes sont mortes dont une journaliste, intoxiquées au monoxyde de carbone à Bologhine. Ce drame a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi, à Alger. Pour faire face à ce tueur silencieux, plusieurs associations de protection des consommateurs ont appelé, depuis plusieurs années, les pouvoirs publics (Sonelgaz et ministère de l'Energie), à installer des détecteurs de monoxyde de carbone dans chaque foyer. Chose qui n'a pas eu écho, a déploré Zaki Hariz, président d'une association. «Il s'agit là de la meilleure solution pour éviter ces drames qui se produisent au quotidien», a-t-il souligné. «L'une des solutions que nous voyons efficace pour réduire ces incidents, reste l'installation d'un détecteur de monoxyde, par les services et techniciens de Sonelgaz pour déterminer comment utiliser ce détecteur», a-t-il suggéré. Soulignant que les appareils contrefaits ne sont pas uniquement la cause de ces incidents, notre interlocuteur a pointé du doigt également, les installations défectueuses et non conformes, mais également l'inconscience des algériens face aux dangers de l'inhalation de ce gaz surnommé le tueur silencieux. Mohamed Issaoui a, pour sa part, demandé le recours automatique à la justice en cas d'accident provoqué par le gaz, afin de déterminer la responsabilité de chacun des intervenants.