M. Ghediri a demandé au pouvoir de satisfaire la revendication du peuple qui veut, selon lui, un changement pacifique. Les manifestations de vendredi dernier ont fait réagir la classe politique. Le général à la retraite et candidat à l'élection présidentielle du 18 avril prochain, Ali Ghediri, a appelé à répondre aux revendications des manifestants qui sont sortis par dizaines de milliers. « Le peuple algérien a donné une leçon à ses dirigeants et au monde entier. Les dirigeants pensaient que les Algériens ne pouvaient pas avoir de comportement civilisé, et exprimer leurs opinions comme tous les peuples d'une manière organisée. Tous ceux qui ont parié sur l'anarchie ont échoué. Le peuple algérien leur a demandé de revoir leur calcul. C'est un peuple conscient et mûr, qui peut porter ses revendications sans casser », a-t-il déclaré hier, lors d'une conférence au siège de l'association RAJ, à Alger. M. Ghediri a demandé au pouvoir de satisfaire la revendication du peuple qui veut, selon lui, un changement pacifique. « Depuis 1962 à ce jour, le sang coule dans ce pays, ça suffit ! Nous devons tourner la page. Pour notre part, nous voulons la rupture avec le système et ses pratiques, avec tout ce qui touche à la dignité des Algériens, avec la corruption, avec les passe-droits, avec le vol, avec la gabegie, avec la bureaucratie, avec la harga… Nous voulons rétablir l'espoir et la fierté d'être Algérien», a-t-il lancé, souhaitant que le régime soit suffisamment intelligent pour répondre aux demandes du peuple. « Il a vu et entendu ce que le peuple veut. Nous aurions voulu que le président parte en toute dignité. Personne n'a voulu voir le portrait du président piétiné. Cela nous rappelle ce qui s'est passé dans d'autres pays », a-t-il dit. Avant-hier, avant le début des manifestations, Ali Ghediri a lancé un message aux Algériens, intitulé « Appel à la Nation ». « L'Algérie passe par une étape décisive de sa vie, qui pourrait la mener vers l'inconnu. (…) la logique de la force adoptée par les partisans de la continuité met l'Algérie sur une voie sans issue, qui menace l'unité et la stabilité du pays », a-t-il affirmé, estimant que « le cinquième mandat menace la paix civile ». Il a ajouté que «les mouvements sociaux exprimés pacifiquement à travers le pays doivent se poursuivre dans la dignité et de façon civilisée, dénuée de violence pour qu'ils permettent aux citoyens de devenir les acteurs et les seuls planificateurs de leurs avenirs». Cela, avant d'appeler les citoyens à « être prudents pour éviter toute provocation ». « L'Algérie d'aujourd'hui n'a pas besoin que vous mourriez pour elle, mais de vos forces, de votre courage pour la protéger et la construire, pour que vous y viviez librement et dignement », a-t-il lancé, soutenant que « la rupture s'impose comme une nécessité nationale pour la construction d'une nouvelle Algérie ».