L'intervention musclée des services de sécurité, hier matin, pour déloger les enseignants contractuels de leur campement à Boudouaou n'a pas laissé indifférents les acteurs de la société civile, notamment les défenseurs des droits de l'homme. La LADDH et l'association RAJ, indignées, rappellent aux autorités que les libertés d'expression et de manifestation sont garanties par la Constitution algérienne. «Nous avons appris avec stupéfaction qu'une descente policière a été effectuée Lundi à 3 h du matin pour chasser les enseignants contractuels et vacataires de leur lieu de campement», écrit la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui dénonce dans un communiqué les «brutalités policières, indignes d'un Etat de droit». Pour la LADDH, aile Noureddine Benissad, «l'intervention de la police en dehors de l'heure réglementaire prévue par la loi constitue un acte immoral qui rappelle les heures les plus sombres du passé récent de notre pays». Elle rappelle aux pouvoirs publics que les libertés d'expression et de manifestation sont «consacrées par la Constitution et les Conventions internationales des droits de l'Homme ratifiées par l'Algérie». Des engagements qui restent «loin des préoccupations des autorités qui, à chaque foi, optent pour le recours abusif à la violence», regrette-t-on dans le communiqué signé par le Comité directeur, qui déplore «plusieurs blessés, dont l'un se trouve à l'hôpital dans un état critique, après avoir sauté d'un bus». Pourtant, le rassemblement de Boudouaou était «pacifique» et «dans le respect de l'ordre public», soutien la LADDH, contrairement aux propos du ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui qui estimait qu'il y avait atteinte à l'ordre public. Pour sa part, l'association nationale Rassemblement action jeunesse (RAJ) écrit : «Face à l'engagement et à la détermination des enseignants contractuels d'aller jusqu'au bout de leurs revendications, les pouvoirs publics n'ont trouvé que la répression pour étouffer leur mouvement pacifique». Après les avoir isolés, en interdisant «tout accès et contact avec les citoyens», précise RAJ, «une intervention policière musclée a eu lieu hier à 3 h du matin». Tout en dénonçant avec force «la répression du rassemblement et le recours à la force pour étouffer toutes contestation citoyenne et pacifique», l'association interpelle les pouvoirs publics sur ce qu'elle qualifie «d'atteintes à la liberté d'expression, de réunion et de rassemblement pacifique», pourtant garanties par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. RAJ «salue l'engagement, la discipline, le civisme et la mobilisation pacifique et responsable des enseignants contractuels qui ont été à la hauteur», ajoute-t-on dans le document à travers lequel elle «appelle les forces vives à s'organiser pour se réapproprier les espaces publics». Enfin, l'association n'omettra pas de réitérer sa «solidarité entière» et son «adhésion» aux revendications des enseignants contractuels en demandant leur intégration et leur confirmation.