Un groupe d'intellectuels et d'universitaires a pris position hier en faveur du mouvement populaire du 22 février dernier contre le 5e mandat et pour un changement pacifique. Dans une déclaration signée par une trentaine d'initiateurs, ils appellent leurs collègues à travers les universités de l'Algérie à se solidariser avec ce qu'ils qualifient de processus de changement. «Face à la prise de conscience exprimée par la société refusant la politique de la soumission au pouvoir absolu, nous, universitaires et intellectuels, ne pouvons passer outre l'opportunité de la transformation sociale et politique d'une société qui aspire à vivre dans la dignité, la liberté et le bien-être», peut-on lire dans le document. On y trouve parmi les premiers signataires les universitaires Redouane Boudjemaa, Said Loucif, Louisa Dris-Aït Hamadouche, Fatma Oussedik, Zoubir Arous, Mourad Ouchichi (économiste), Salaheddine Sidhoum (chirurgien), Nacer Djabi (sociologue) et le journaliste Said Djaafer. Dans ce contexte, un appel a été adressé à «tous les universitaires et intellectuels libres et dignes, à exprimer leur solidarité et leur totale adhésion au processus de changement que la société algérienne demande». Pour eux, «l'intellectuel ne peut pas être en marge. Il doit entendre le message de la société à laquelle il appartient». S'estimant devant «une responsabilité historique» et refusant de sous-estimer «la volonté que les Algériens affichent dans la rue», le groupe des universitaires et intellectuels plaident : «Harmonisons et synchronisons nos rapports avec eux, pour que nous puissions être capables de transformer la colère de la rue en un modèle de changement politique profond allant vers la construction d'un Etat moderne». Ils s'engagent à «accompagner la société en marche» et à «fournir les moyens politiques qui empêcheront que s'installe le vide qui permettra la reproduction d'un système politique usé». « Notre responsabilité est de paver le chemin de la société qui trace sa voie vers la liberté et la justice qui mettront fin, définitivement, à un système qui a produit violence et corruption», écrivent-ils encore. Enfin, tout en affirmant leur «position aux côtés de la société» à qui ils expriment leur adhésion «à sa résistance pacifique qui doit continuer dans son caractère pacifique et civil», les signataires se sont entendus à laisser «ouvert le débat» afin de réagir et d'accompagner la marche de la société et «prémunir son projet des aventuriers et des parasites qui bénéficient du statu quo».