La place Audin, Didouche Mourad, Emir Abdelkader, Hassiba Benbouali, Premier Mai, Avenue Zighout Youcef, Tunnel des facultés … toutes ces places ont vibré au rythme des manifestations contre le prolongement du quatrième mandat et des autres décisions du pouvoir pour gérer la prochaine étape. La mobilisation contre le prolongement du quatrième mandat ne faiblit pas. Hier vendredi, c'est l'acte cinq des manifestations hebdomadaires entamées le 22 février, pour exiger le départ du système politique. A Alger, des torrents humains de millions de citoyens ont convergé vers les boulevards principaux de la commune d'Alger-Centre. Toutes les rues et ruelles étaient noires de monde. La marche s'est tout simplement transformée en un gigantesque rassemblement de millions de manifestants. Dans une ambiance festive, les foules ont envahi toutes les places, qui se sont avérées exiguës pour contenir toutes ces formidables processions humaines, venues contester le projet de prolongement du quatrième mandat après l'abandon du cinquième. Les pluies qui se sont abattues sur la ville n'ont pas empêché les gens de sortir de chez eux. Nombreux sont ceux qui sont venus des wilayas limitrophes pour manifester dans la capitale. La place Audin, Didouche Mourad, Emir Abdelkader, Hassiba Benbouali, Premier Mai, Avenue Zighout Youcef, Tunnel des facultés … toutes ces places ont vibré au rythme des manifestations contre le prolongement du quatrième mandat et des autres décisions du pouvoir pour gérer la prochaine étape. Ainsi, la conférence nationale inclusive, le gouvernement de compétences, la révision de la Constitution, puis l'organisation d'une élection présidentielle sont rejetés de vive voix. Portant le drapeau national ou le drapeau amazigh, les manifestants ont brandi des pancartes et lancé des slogans contre le système en général et le chef de l'Etat en particulier. «Vous avez dévoré le pays, espèce de voleurs», «Le peuple veut la chute du régime», «Le peuple ne veut ni Bouteflika ni Said», ou encore «Nous sommes une république et non une monarchie» sont, entres autres, les slogans entonnés par les foules. Les partis au pouvoir qui ont annoncé, entre ces deux vendredis, leur adhésion au mouvement populaire, n'ont pas été omis par le tsunami humain qui a déferlé sur Alger, promettant d'emporter sur son passage le système politique. «Il n'y a pas de place avec nous, c'est complet», lit-on sur une pancarte accrochée sur un immeuble à la Place Audin. Le FLN, dont le coordinateur, Mouad Bouchareb, a affirmé que le peuple n'a pas ciblé le parti lors des manifestations, en a eu pour son grade. «FLN dégage, FLN dégage» a été lancé à gorges déployées par les manifestants. Ces derniers ont également dénoncé, à travers les slogans et les banderoles, les tentatives du pouvoir de se faire soutenir par les puissances étrangères, ainsi que toute ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. «Macron, occupe-toi de ton pays, l'Algérie ne te regarde pas», lit-on sur une banderole géante. Des affiches dénonçant les déplacements du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à l'étranger, et la mission floue de Lakhdar Brahimi ont été confectionnées par les manifestants pour exprimer le rejet de toute ingérence étrangère. La manifestation, entamée bien avant la prière de vendredi, s'est poursuivie jusqu'à plus de 18h, où les manifestants ont commencé à se disperser dans le calme. Des images incroyables ont été faites dans les rues d'Alger, dans un esprit de responsabilité et de civisme inégalé. A chaque fois, les manifestants reviennent à la charge pour rejeter le système et ses symboles. A Didouche Mourad, une pancarte en dit long sur le sentiment des algériens vis-à-vis des partis au pouvoir. «Au FLN et au RND, et aux partis de la mafia. Votre repentance ne vous sauvera pas du flot du peuple», lit-on sur cette pancarte. «Permettez-moi de vous adresser le patient système, poursuivi pour corruption chronique depuis des décennies», peut-on lire sur une autre. Pour ce cinquième vendredi de mobilisation générale contre le système politique, un grand hommage est rendu à l'acteur principal des évènements : son excellence le peuple. «Ici, c'est le peuple», «fiers de notre union», a-t-on écrit sur deux banderoles géantes accrochées sur un immeuble place Audin, près du tunnel des facultés. Les manifestants promettent de revenir encore plus nombreux vendredi prochain, si entre-temps le système politique ne cède pas. Hier, c'est donc un autre vendredi qui s'ajoute aux derniers quatre vendredis historiques qu'a vécus l'Algérie, après la tentative du clan présidentiel d'imposer un cinquième mandat de Bouteflika malgré son état de santé.