L'instance dirigeante du parti FLN, coordonnée par un Mouad Bouhareb contesté, s'est réunie en fin de journée, hier à huis clos. Rien n'a filtré de cette réunion dont les travaux ont été entamés à 17 h avec deux heures de retard, et qui intervient sur fond de crise organique au sein du vieux parti, crise exacerbée par les manifestations populaires de grande envergure contre le système politique. C'est en effet une réunion convoquée en urgence, suite aux déclarations du porte-parole du parti, Hocine Khaldoun, qui a critiqué la conférence nationale proposée par Bouteflika pour sortir de la crise. «La conférence nationale a été dépassée par les événements, et personne n'est d'accord pour sa tenue. Concrètement, cette conférence nationale ne sera pas productive», a déclaré Khaldoun, provoquant une réaction immédiate de Mouad Bouchareb qui a corrigé le tir, en affirmant le soutien du parti à la feuille de route de Bouteflika. La réunion est intervenue également au lendemain des manifestations grandioses de vendredi, durant lesquelles, à travers tout le pays, le slogan «FLN dégage» a retenti. La semaine passée, le coordinateur de l'instance dirigeante a indiqué, à la surprise générale, que les manifestants n'ont pas crié «FLN dégage», alors que le slogan a fait le tour de l'Algérie. Plus grave encore, la rencontre coïncide avec une déclaration au vitriol de l'ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, affirmant que le FLN est dirigé par un groupe de hors-la-loi, désigné par «l'Etat profond», en allusion à Ahmed Ouyahia. «Ouyahia a une main dans la désignation de ce groupe. Cela s'est fait en dehors des statuts et du règlement intérieur. Le ministère de l'Intérieur aurait refusé que le FLN soit dirigé par ce groupe. La loi sur les partis ne leur donne pas de légitimité. Ils ne sont même pas membres du Comité central (CC) et osent diriger le parti ! Le CC est la haute instance du FLN (entre deux congrès). Le CC n'existe plus, c'est pourtant lui qui a désigné le président du parti (Bouteflika)», a-t-il expliqué dans un entretien avec un journal électronique. Selon Saâdani, tout est illégal actuellement au FLN. «Le poste de président du parti n'existe plus aussi. Ils ne peuvent pas prétendre que le président a envoyé une instruction pour organiser un congrès extraordinaire», a-t-il ajouté.