Devant les mouhafedhs, Mouad Bouchareb a opéré un virage à 360 degrés en affirmant que son parti était avec le peuple et qu'il soutient les manifestations populaires ! La réunion s'est tenue à huis clos, mais la voie de l'orateur parvenait à l'extérieur de la salle. Les manifestations d'envergure contre le cinquième mandat ont provoqué une profonde déchirure au sein des deux principaux partis du pouvoir : le FLN et le RND. Le coordinateur de l'instance dirigeante du parti FLN, Mouad Bouchareb, confronté à une grave crise organique avec les démissions en cascade des militants et cadres, a réuni les mouhafedhs du parti pour désamorcer la crise. Une réunion qui intervient au lendemain d'une autre action des mouhafedhs, organisée à Bouira, où les participants ont exprimé leur soutien au peuple et appelé à la destitution de Bouchareb. Hier à l'hôtel Mouflon d'Or (Alger), le coordinateur de l'Instance a tenté de montrer l'image d'un parti uni malgré la conjoncture. Peine perdue. Les mouhafedhs qui ont participé à la réunion de Bouira ont été, dans un premier temps, empêchés d'assister à la rencontre. Mais en fin du compte, ils ont été autorisés à rejoindre la salle où se déroulaient les travaux. En même temps, des membres du comité central ont saisi la justice pour contester la légitimité de l'instance dirigeante qui n'existe nulle part dans les textes du parti. Devant les mouhafedhs, Mouad Bouchareb a opéré un virage à 360 degrés en affirmant que son parti était avec le peuple et qu'il soutient les manifestations populaires ! La réunion s'est tenue à huis clos, mais la voie de l'orateur parvenait à l'extérieur de la salle. Il a affirmé que «le moudjahid Abdelaziz Bouteflika demeure le président du parti», sous les applaudissements nourris de l'assistance. Il a ajouté que Bouteflika «avait l'intention depuis six mois d'opérer un changement radical et une transition pacifique vers une nouvelle République», mais sans expliquer pourquoi cela n'a pas été annoncé il y a six mois. Bouchareb a soutenu que la feuille de route proposée par le chef de l'Etat, après la forte contestation du cinquième mandat et de la prolongation du quatrième, est décidée depuis six mois. Il a affirmé que «nous assumons, en tant que militants, la responsabilité de la situation dans laquelle se trouve le parti». Et de lâcher : «40 ans après la disparition de Houari Boumediene, le FLN n'a pas pu se donner un homme consensuel pour diriger la phase actuelle», manière de dire que le parti a présenté Bouteflika pour absence d'alternative. «Nous n'avions pas d'alternative. Nous étions occupés à nous dénoncer les uns les autres», a-t-il poursuivi. Concernant la convocation d'un congrès extraordinaire, l'orateur a expliqué que c'est le Président qui l'a convoqué. Mouad Bouchareb a informé les mouhafedhs que l'Algérie traverse une «conjoncture dangereuse». Une conjoncture qui a provoqué des fissures au sein de l'autre parti du pouvoir, le RND d'Ahmed Ouyahia. Le porte-parole du parti, Chihab Seddik, a fait une déclaration surprenante mais très grave sur le ‘'confectionnement'' institutionnel ces dernières années. «Il y a des forces qui sont gênées par les partis. Il s'agit de forces non structurées. Des forces non constitutionnelles, non organisées, etc. Elles sont partout. L'Algérie a été dirigée par ces forces durant au moins ces cinq, six ou sept dernières années», a-t-il lancé sur une chaîne de télévision privée. Seddik Chihab a ajouté que la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat était une erreur. Le RND n'a pas tardé à régir à ces déclarations de son porte-parole, en le désavouant. «Dans un débat orienté et où il y avait de la provocation, notre collègue a été poussé vers une réaction émotive et parfois à un éloignement des positions connues du parti», a affirmé le RND dans un communiqué. Ce parti a rappelé que la position du parti est dans la lettre adressée par le secrétaire général Ahmed Ouyahia en date du 17 mars 2019. «Dans la lettre, nous avons livré la lecture du parti des événements actuels et rappelé notre respect et notre fidélité au Président à propos notamment de ses deux lettres adressées à la Nation», a précisé le parti d'Ouyahia.