Une autre réunion de l'Instance dirigeante du FLN s'est tenue, mais aucune annonce n'est venue éclairer le chemin du parti majoritaire, que Mouad Bouchareb qualifie pourtant de «droit». Le nouveau jeune patron du Front de libération nationale a-t-il vraiment tous les éléments nécessaires pour avancer dans une quelconque voie ? Nombre d'observateurs se demandent si Bouchareb parviendra à atteindre les objectifs qui lui ont été assignés, et surtout tenir les promesses qu'il avait faites au lendemain de son intronisation, après le limogeage déguisé de Djamel Ould Abbès du secrétariat général. A l'ordre du jour de la réunion tenue en début de semaine, les préparatifs du congrès extraordinaire. Pourtant, aucune date n'a été avancée, ni même une échéance, pour savoir si ce rendez-vous est prévu avant ou après l'élection présidentielle. La campagne de sensibilisation a commencé. Hier, le FLN a posté sur sa page facebook ce qui ressemble à une affiche au slogan : «Nous misons sur l'organisation d'un congrès extraordinaire unificateur». Aussi, l'instance dirigeante du FLN «a, depuis son installation sur décision du président de la république, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika, président du parti, entamé son travail selon une vision claire, qui vise à réhabiliter les militants, renforcer la cohésion entre eux, donner un nouveau souffle au parti, unir ses rangs et consolider son unité», est-il encore indiqué. Mouad Bouchareb avait, pour rappel, déclaré à l'issue de la réunion, que la deuxième phase sera entamée «incessamment», avec «l'encadrement à l'intérieur des mouhafadhas et des kasmas». Une opération qui, a-t-il reconnu, «va prendre du temps». C'est dire combien la tenue du Congrès est un casse-tête pour le chef provisoire du FLN. Bien que sorti «renforcé» des élections sénatoriales avec un score historique de 31 sièges, Bouchareb devra revenir désormais à sa mission initiale : réussir à reconstruire la maison FLN. Une tâche qui n'est pas facile, surtout que l'homme a, semble-t-il, fait beaucoup de promesses, notamment lorsqu'il avait reçu en décembre les anciens cadres écartés, à l'image de l'ancien secrétaire général Abdelaziz Belkhadem, Abderrahmene Belayat et Abdelkrim Abada. D'après des échos du siège de Hydra, ces derniers auraient posé certaines conditions pour l'aider dans sa mission : revenir à l'ancien découpage au niveau des mouhafadhas, le départ des indus-militants et l'organisation d'élections au niveau de toutes les structures pour la tenue d'un congrès auquel participeront de vrais militants. Des exigences que Bouchareb s'était dit prêt à satisfaire. Mais, à voir dans quel état le FLN est actuellement plongé, il sera difficile au coordinateur de son Instance dirigeante de tenir promesse. Sinon, pourquoi la nomination des membres de l'Instance exécutive qui devaient remplacer provisoirement le Comité central tarde-t-elle à se concrétiser ? Censé contenir 30 membres, cet organe devra contenir toutes les sensibilités sans exception aucune, de ceux qui sont à l'intérieur à ceux qui se trouvent à l'écart des instances du parti. Près de deux mois après la désignation de Mouad Bouchareb, le FLN n'a toujours pas d'instance souveraine et ne fixe toujours pas le cap quant à la tenue du congrès. Certes, l'élection présidentielle et les élections sénatoriales sont pour beaucoup dans cette perte de boussole. Mais, à quelques encablures de l'échéance du printemps prochain, la première force politique du pays, en termes de représentativité dans les institutions élues, peine à se restructurer.