La réunion de l'Instance dirigeante du parti FLN tenue dans la soirée d'avant-hier n'a pas livré ses secrets. Ni communiqué, ni déclarations sur son contenu : les membres de l'instance ne veulent pas divulguer les conditions dans lesquelles se sont déroulées les travaux, dans un contexte de tiraillements entre sa composante. «Il y a eu des discussions générales sur la situation du pays et les manifestations dans les rues», a indiqué Abderrahmane Belayat. Contacté par nos soins, il a ajouté que la fin du mandat du chef de l'Etat a été abordée, précisant que le parti ne peut pas prévoir une suite des évènements après cette date. Notre interlocuteur ne fournit aucun autre détail. Mais selon certaines indiscrétions, Hocine Khaldoun a été «savonné» pour ses dernières déclarations contre la conférence proposée par Bouteflika. Interrogé sur les slogans hostiles au parti FLN lancés dans les manifestations, à savoir «FLN dégage», M. Belayat ne donne pas beaucoup d'importance à ce slogan. «Ce n'est pas les slogans qui vont changer la réalité. Ceux qui en veulent n'ont aucune emprise sur la réalité», a-t-il indiqué. Relancé, il ajoutera : «C'est un slogan sans conséquences. Ceux qui ont fait ce slogan ont juste exprimé leur opinion». Quant aux demandes de mettre le FLN au musée, notre interlocuteur soutient qu'il s'agit d'un vœu pieux. Le porte-parole de l'instance dirigeante du FLN, Hocine Khaldoun, est allé encore plus loin, en s'exprimant sur ce slogan. «On a découvert les parties qui sont derrières les slogans. Elles sont connues. Ce sont les adversaires traditionnels du Front qui tentent de l'éloigner, comme par le passé, de la scène», a-t-il déclaré aux médias. Hocine Khaldoun, qui a déclaré il y a quelques jours, que la conférence nationale proposée par le chef de l'Etat pour sortir de la crise est «inutile», semble avoir changé d'avis. Il a accusé certains médias, notamment les chaînes de télévisions privées, de «déformation de la réalité». Le porte-parole de l'instance dirigeante du FLN a répondu également à l'ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, selon lequel le parti est dirigé par un groupe de hors la loi. «Ouyahia a une main dans la désignation de ce groupe. Cela s'est fait en dehors des statuts et du règlement intérieur. Le ministère de l'Intérieur aurait refusé que le FLN soit dirigé par ce groupe. La loi sur les partis ne leur donne pas de légitimité. Ils ne sont même pas membres du Comité central (CC) et osent diriger le parti ! Le CC est la haute instance du FLN (entre deux congrès). Le CC n'existe plus, c'est pourtant lui qui a désigné le président du parti (Bouteflika)», a accusé Saâdani. Et de trancher : «le poste de président du parti n'existe plus aussi. Ils ne peuvent pas prétendre que le président a envoyé une instruction pour organiser un congrès extraordinaire». En réponse à cette affirmation, M. Khaldoun a soutenu que «cette instance est mise en place par le Président du parti, Abdelaziz Bouteflika, conformément à l'article 31 des statuts qui lui donne le droit de convoquer un congrès extraordinaire». «Depuis plus de trois ans, le parti vit une crise qui ne peut être résolue que dans le cadre d'un congrès», a-t-il précisé. L'instance dirigeante du FLN a tenu hier soir, une autre réunion consacrée exclusivement la préparation du congrès extraordinaire qui aura lieu début mai prochain. Un congrès convoqué par le coordinateur de l'instance, Mouad Bouchareb, mais contesté par plusieurs cadres qui contestent même la légitimité de l'instance dirigeante. Plusieurs membres du comité central ont déposé un recours au niveau de la justice. Ils exigent la convocation d'une réunion extraordinaire du comité central, pour élire un nouveau secrétaire général.