La sortie avant-hier du très contesté SG du FLN, Amar Saâdani, qui a soutenu organiser le congrès du parti exclusivement avec les militants de la base, excluant, du coup, le comité central (CC), l'instance suprême du parti entre deux congrès, ravive la crise qui secoue l'ancien parti unique. Ses adversaires, les redresseurs activant sous la houlette d'Abderrahmane Belayat comme ceux militant sous la coupe d'Abdelkrim Abada, qualifient son discours de "démagogique", dont l'objectif serait de faire croire aux militants acquis à sa cause que ce sont leurs décisions qui comptent et non celles des cadres du parti représentés dans le CC. Ce qui est, dénoncent-ils, contraire aux statuts du parti qui stipulent clairement que la préparation et l'organisation d'un congrès est du ressort du CC, avec, certes, la participation de la base. "Ce que vient de déclarer Saâdani relève de la démagogie ; il veut faire croire à ses affidés qu'ils sont les seuls qui comptent, les caressant dans le sens du poil pour les rassurer", a dénoncé Belayat que nous avons contacté hier par téléphone. Ce dernier rappelle que les statuts du parti sont pourtant clairs : "Etant l'instance suprême entre deux congrès, le CC est responsable de la préparation du congrès et la base est associée pour donner son point de vue sur les amendements des statuts, la résolution organique, la politique économique et sociale et la résolution politique. Partant, l'initiative et la préparation du congrès reviennent de droit au CC qui, après réunion, fixe la date du congrès, le lieu de sa tenue, etc. Le CC reste aussi la seule instance habilitée à élire le SG du parti." Belayat, qui rejette ainsi la procédure illégale que compte adopter Saâdani, déclare qu'il est prêt à tout pour faire avorter cette tentative qualifiée de "supercherie", et ce, dit-il, quitte, le cas échéant, à organiser un "congrès parallèle". Pour lui, si Saâdani tient à organiser un congrès sans le CC, c'est parce qu'il se sait plus que jamais discrédité et lâché par plus de trois quarts des députés du parti et deux tiers des membres du CC. "Aujourd'hui, il fuit le congrès comme la peste", a-t-il accusé, rappelant que le parti est entré dans "l'illégalité" depuis le 29 août 2013, soit depuis l'arrivée de Saâdani à la tête du FLN. Belayat estime, par ailleurs, que Saâdani agit actuellement comme "une bête blessée". Selon lui, le SG du parti aurait même fait fi d'une injonction du président du parti, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika, qui aurait ordonné de convoquer, le 24 juin 2014, une réunion du CC pour élire le SG. Un point de vue que ne partage pas Abdelkrim Abada, également contacté, pour qui, de par son statut de "président d'honneur", Bouteflika n'aurait pas de prérogatives pour ordonner quoi que ce soit à Saâdani. Néanmoins, et tout comme Belayat, Abada dénonce le dernier discours de Saâdani qu'il assimile également à de la "démagogie" dont la visée est d'écarter le CC du prochain congrès. Poursuivant sa diatribe, Abada désigne Saâdani par le "Zorro" qui, déplore-t-il, continue à "tout faire en solo", défiant toutes les instances du parti. Les dissidents réussiront-ils à mettre fin à l'hégémonie de l'actuel SG sur le parti ? Abada s'est montré plutôt pessimiste. Il dénonce, entre autres, le parti pris de l'administration, à sa tête le ministère de l'Intérieur qui refuse toujours de répondre à la demande des dissidents d'autoriser la réunion du CC du FLN. F. A.