Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d'un conflit opposant les forces gouvernementales aux Houthis, qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa et le port de Hodeida. Quatre ans après l'intervention militaire de la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen, le conflit s'enlise, la situation humanitaire se dégrade et l'espoir d'une paix ne se profile pas encore, avec la reprise des combats à Hodeida, malgré le cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'Onu entre les parties en conflit. Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d'un conflit opposant les forces gouvernementales aux Houthis, qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa et le port de Hodeida. Une coalition sous commandement saoudien est intervenue dans ce pays en soutien au gouvernement, et les combats ont fait plus de 10.000 morts et provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, selon l'Onu. Alors qu'un cessez-le-feu dans le port stratégique de Hodeida (ouest) avait été négocié dans le cadre d'un accord entre les belligérants à Stockholm, le 21 décembre 2018, sous l'impulsion de l'Envoyé spécial des Nations-unies pour le Yémen, les raids aériens de la coalition n'ont pas cessé, et ces accords peinent à être appliqués. Mardi, 15 personnes ont été victimes de raids aériens menés sporadiquement par la coalition près d'un hôpital à Saada, dans le nord du pays, dont 7 morts et 8 blessés, selon l'ONG britannique «Save the children», qui a appelé à «la suspension immédiate de vente d'armes aux deux parties prenantes, et mettre une pression diplomatique» pour mettre fin à ce conflit. «Un missile a touché une station d'essence près de l'entrée de l'hôpital de Ritaf, à une centaine de kilomètres de Saada, dans le nord ouest du pays, à 9h30», a expliqué l'ONG, précisant que parmi les victimes figurent du personnel de santé et des vigiles, appelant à une «enquête d'urgence sur cette nouvelle atrocité». Lundi déjà, des combats ont fait 5 morts à Hodeida, ville portuaire de l'ouest du Yémen. En réponse à ces atrocités, plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont de nombreuses familles, s'étaient rassemblées mardi dans la capitale Sanaa, scandant notamment des slogans hostiles à l'Arabie saoudite. Du côté des ONG, les appels à cesser la vente des armes à l'Arabie saoudite n'ont pas cessé. La France, l'Angleterre ont été appelées à suivre l'exemple de l'Allemagne, qui a suspendu ses ventes d'armes à Ryadh. Un nouveau plan pour le retrait des combattants à Hodeida L'accord de Stockholm, dirigé par l'Envoyé spécial de l'Onu pour le Yémen, Martin Griffiths, comprenait un cessez-le-feu à Hodeida, des dialogues politiques, l'ouverture de corridors humanitaires et des échanges de prisonniers. Jusqu'à présent, un arrêt de combats et la réduction des violences ont bien eu lieu, mais ni l'ouverture des corridors humanitaires ne s'est produite, ni les échanges de prisonniers. Et depuis deux ou trois semaines, les combats ont repris à Hodeida, dans les parties est et sud. Selon Tom Peyre-Costa, du Conseil norvégien pour les réfugiés, il existe une grande hypocrisie dans ce conflit, au moment où la France, l'Angleterre et les Etats-Unis promettent des dons humanitaires, ils financent la guerre, et allouent plus d'argent aux bombes qu'à l'aide. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a, de son côté, réclamé un accès aux populations vulnérables dans les zones difficiles d'accès de la province yéménite du Hajjah (nord-ouest), en raison d'un regain de violence dans les endroits où les besoins sont les plus pressants, se situant dans les zones sensibles de la ligne de front. «Le PAM doit pouvoir accéder librement et sans entrave à ces populations vulnérables, si l'on veut éviter que la sécurité alimentaire ne se détériore», a demandé le porte-parole de l'agence onusienne à Genève, Hervé Verhoosel. Néanmoins, un nouveau plan de l'Onu pour le retrait des combattants de la ville de Hodeida va être présenté au gouvernement yéménite et aux Houthis, avait déclaré le médiateur de l'Onu, Martin Griffiths. «Après des discussions constructives avec les deux parties, il y a un progrès important vers un accord de mise en œuvre de la première phase de ce redéploiement», a-t-il déclaré, précisant que les détails opérationnels vont être présentés aux parties pour approbation «rapidement», sans donner de date qui marquerait un premier pas vers un apaisement des tensions. Selon des diplomates onusiens, les Houthis ont refusé de se retirer des ports, comme le prévoyait la première phase de l'accord, par crainte que des forces liées à la coalition se saisissent des installations portuaires. M. Griffiths a dit espérer une «rapide validation du plan», et s'est montré confiant qu'un accord mènerait à un règlement politique de la guerre. Mais les Nations unies se sont montrées prudentes quant au succès futur de cet accord. «Je ne veux pas avoir l'air trop confiant sur ce sujet. Sur la question de savoir si les retraits vont effectivement avoir lieu, cela reste à voir. Nous avançons un pas après l'autre», a déclaré le porte-parole de l'ONU, Farhan Haq.