Plutôt que de joindre sa voix à celles qui appellent ces derniers temps à l'empêchement de l'actuel chef de l'Etat de briguer un 4e mandat, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un des partis d'opposition les plus farouches et les plus constants dans son opposition à la politique menée par le locataire du palais d'El-Mouradia depuis plus d'une dizaine d'années, préfère remettre sur la table sa proposition de destitution de Bouteflika en application de l'article 88 de la Constitution. “Au RCD, on ne discute pas s'il faut ou non un 4e mandat pour l'actuel chef de l'Etat. Depuis notre dernier conseil national, on demande la destitution de Bouteflika conformément à l'article 88 de la Constitution. On exige aussi l'invalidation de la candidature de l'actuel chef de l'Etat pour raison de santé. Dans le dossier de candidature, il est exigé un certificat médical attestant de la bonne santé du candidat", explique le président du RCD, Mohcine Belabbas. “Nous voulons rester légalistes, il y a des lois, il faut les respecter", souligne-t-il. Comment le RCD voit-il l'élection présidentielle d'avril 2014 ? Sera-elle plus ouverte que les précédentes ? “Pour l'instant, il n'y a pas d'indices qui garantissent la régularité de la présidentielle 2014", estime M. Belabbas. À ses yeux, l'une des conditions à même de garantir l'honnêteté des élections à venir est “la dissolution de la police politique" et son parti compte injecter dans son projet de révision constitutionnelle “une disposition qui enlèverait au ministère de l'Intérieur la prérogative d'organisation des élections au profit du pouvoir judiciaire". Une chose est sûre, le RCD milite pour “pour une élection libre et transparente et non de cautionner une candidature décidée dans les laboratoires du régime". En tout état de cause, la décision de participation ou non à l'élection présidentielle de 2014 revient au conseil national. Le parti de Mohcine Belabbas se distingue aussi par sa position à l'égard de l'opportunité deprocéder à une révision de la Constitution avant ou après la présidentielle de 2014. “Pour nous, la révision constitutionnelle ne doit pas être ajournée. Toutefois, elle doit être soumise à un référendum populaire", assure M. Belabbas. “Le problème ce n'est pas Bouteflika ou un autre mais le contenu et la manière. Le précédent de 2008, quand la révision a été adoptée par le Parlement sans débat, ne doit plus se renouveler", explique-t-il. En tout cas, le RCD a mis en place, en mars dernier, une commission de réflexion qui a élaboré une série de propositions qui, confie son président, “seront rendues publiques à l'occasion d'un conseil national le 26 avril". Ce projet sera soumis à débat à travers des conventions régionales et des conventions nationales qui seront tenues entre mai et juin pour en sortir avec une mouture définitive synthétisant les différentes propositions. Lesquelles ? Même s'il préfère laisser la “primauté" au conseil national de son parti, M. Belabbas a confié qu'elles portent sur plusieurs questions comme les équilibres des pouvoirs, la séparation du pouvoir judiciaire et exécutif, le nombre de mandats présidentiels, la réduction des législations par ordonnances, l'officialisation de tamazight, la séparation des champs politique et religieux, la régionalisation, etc. “Le plus important pour nous, c'est la démarche. La révision de la Constitution n'est pas une affaire du gouvernement, de la Présidence ou des partis. C'est une question citoyenne et le citoyen a le droit de donner son point de vue. L'idée donc est d'enclencher le débat", explique M. Belabbas. A. C. Nom Adresse email