Invité, hier, du forum du journal Liberté, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a tiré à boulets rouges sur le pouvoir. Il a dressé un tableau noir de la situation du pays et rappelé les propositions de son parti pour une «véritable sortie de crise». Actualité oblige, le jeune chef du RCD rappelle que si «le pouvoir cafouille» sur l'exploitation ou non du gaz de schiste, c'est parce qu'il «n'a pas de cap». «Si vous constatez des incohérences dans la conduite du gouvernement, c'est parce que les responsables eux-mêmes ne sont pas convaincus par l'exploitation du gaz de schiste», a indiqué le président du RCD. Pis, selon lui, les responsables «savent que l'exploitation du gaz de schiste n'est pas la solution à la crise actuelle». Mais, ajoutera-t-il, le problème est que «le gouvernement navigue à vue et n'a pas de cap, en plus du fait qu'il est illégitime». Pour le chef du parti démocrate, le pouvoir algérien n'a «aucune proposition» de sortie de crise. «Les fuites en avant et les manœuvres destinées à faire croire que le régime est porteur d'une vision autre que la préservation de ses privilèges doivent impérativement cesser, si l'on veut prémunir le pays du chaos», a-t-il appuyé dans sa déclaration liminaire. Cela est valable autant sur le plan politique qu'économique. Austérité Le président du RCD appelle les Algériens à refuser de se soumettre à l'austérité que veut imposer le pouvoir. «Les Algériens ont le droit de refuser la politique d'austérité. Le pouvoir veut faire payer aux Algériens ses erreurs. C'est inadmissible», a-t-il dit. Pour lui, si le pouvoir «veut gagner de l'argent, il n'a qu'à s'attaquer au train de vie de l'Etat». Par exemple, le conférencier a cité le nombre pléthorique d'ambassades et de daïras «qui consomment des budgets, mais qui ne servent à rien». Plus concret, il a rappelé que la direction de l'APN «change de voitures chaque 18 mois» et l'Etat «verse des sommes faramineuses» à des partis politiques sans contrepartie. «C'est là où il faut chercher de l'argent et non dans les poches des Algériens», dit-il. Politiquement, Mohcine Belabbas déplore que «le simple fait que le chef de l'Etat reçoive un de ses collaborateurs devient un fait politique». «Voilà où nous en sommes», se désole-t-il avant de rappeler que «Gaïd Salah n'a pas à se mêler de politique». «De quel droit le chef d'état-major se mêle du travail des partis politiques ?» a-t-il tonné en référence à une sortie médiatique du vice-ministre de la Défense nationale. La CNLTD et les autres… Pour le président du RCD, le «pouvoir a violé la Constitution en 2008. Ce que nous vivons aujourd'hui est le résultat du 3e mandat. Car, en 2014, c'était déjà trop tard». Et de rappeler que son parti «était le seul» à s'opposer à la révision de la Constitution de 2008. «Bouteflika passe son temps à vouloir réviser la Constitution. Ce n'est pourtant pas la priorité», a-t-il rappelé. Faisant le parallèle entre la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) et la proposition du FFS d'aller vers une «conférence de consensus national», Mohcine Belabbas estime qu'un parti politique «ne peut pas dire que je n'ai pas de proposition». «Je ne peux pas dire aux gens que je n'ai aucune proposition. Ce n'est pas crédible. Nous, à la CNLTD, nous proposons la création d'une instance indépendante pour l'organisation d'élections, une élection présidentielle anticipée pour offrir à l'Algérie un président légitime et, enfin, l'élection d'une assemblée constituante», a-t-il dit. «Le FFS s'adresse au pouvoir. Nous nous adressons, par contre, à l'ensemble de la société algérienne. C'est une différence fondamentale», a tenu à préciser le président du RCD.