Ils étaient nombreux à demander l'application de l'article 7 de la Constitution, selon lequel «le peuple est la source de tout pouvoir», et «la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple». Les Algériens ont de nouveau occupé la rue pour le sixième vendredi consécutif de protestation populaire. Intervenant au lendemain de la proposition du chef d'état major de l'ANP, Ahmed Gaid Salah, pour une sortie de crise en proposant l'application de l'article 102 de la constitution, les manifestants ont dit non. En réponse à cette offre, les manifestants étaient bien plus nombreux à se rassembler, tôt dans la matinée d'hier, à la Grande-Poste à Alger. A 13h30, le centre d'Alger était déjà noir de monde. Venus de plusieurs wilayas du pays, ils ont scandé plusieurs slogans sur l'application de l'Article 102 de la constitution. «L'Article 102 est dépassé». «Il est temps d'appliquer l'article 07». «Appliquons l'article 2019 : dégagez tous!», «On demande l'application de l'article sans eux» (une référence phonétique à l'article 102)». Pour les manifestants rencontrés à la place Audin, leurs mots d'ordre étaient: «Non à l'article 102», «Bensalah Dégage», «Le peuple est la source de tout pouvoir (article 7)». Le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, est tout aussi rejeté. Les partis politiques, les politiciens et encore les hommes d'affaires, n'ont pas été épargnés par les manifestations. «FLN et RND Dégagez!», «Ouyahia, Bouchareb dégagez !». Les slogans devenus traditionnels, «Had cha3b la yourid, Bouteflika ou Said». D'autres, qui étaient plutôt d'accord avec la proposition de l'Armée, ont estimé qu'actionner l'article 102 doit être accompagné par des solutions politiques. «Appliquons l'article 7» Une chose est sure : c'est la première fois depuis le début des manifestations, que la rue semble être «divisée». La proposition de Gaid Salah, très critiquée par l'opposition, semble avoir un écho mitigé dans la rue. Emblème national, pancartes mises à jour, des protestataires scandaient leur rejet de la demande du Chef d'Etat-major, Gaïd Salah, d'appliquer l'article 102, justifiant que «la solution ne réside pas dans l'article 102». Ils étaient nombreux à demander l'application de l'article 7 de la Constitution, selon lequel «le peuple est la source de tout pouvoir», et «la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple». D'autres usent de l'humour pour répondre à l'appel de Gaid Salah : «Le numéro que vous avez demandé (102) n'est plus en service. Nous vous prions de contacter le peuple source de tout pouvoir», a-t-on écrit sur les pancartes. Mais des pancartes favorables à l'appel de Gaïd Salah étaient également présentes. Des manifestants ont ainsi affiché leur soutien à l'application de l'article 102, et ont scandé un des slogans devenu classique de ce mouvement: «Djeich chaâb, khaoua khaoua». Dans une foule qui exprime son attachement à l'ANP, un homme, la cinquantaine, a expliqué que le peuple Algérien soutient l'Armée nationale, et non pas le chef d'état major. «Nous resterons mobilisés jusqu'au départ de Bouteflika et de son cartel. On ne veut plus de vous. La source et la force de l'ANP résident dans ses liens et son attachement au peuple», a souligné Djazia. D'autres ont clairement réclamé le «jugement des voleurs», conformément à l'article 177 de la Constitution. Ce 6e vendredi de mobilisation a drainé plus de foules. Alors qu'un hélicoptère survolait le centre d'Alger, une marée humaine se dirigeait dans tous les sens. Les manifestants se comptaient par millions. De la Place du 1er mai à la place de la Grande Poste, en passant par Hassiba, vers Didouche, ou place Audin, et d'autres font le chemin inverse. Les foules étaient si compactes que des manifestants restaient immobiles, brandissant leurs banderoles et leurs pancartes. Une ambiance festive prévalait de la rue Abdelkrim Khettabi et à la Place Audin. Le rassemblement des femmes, des enfants, des familles entières et des personnes âgées réclamant le départ du système, a été entaché par des escarmouches entre les forces antiémeutes et des manifestants à la place Audin. Vers 15.35 les policiers antiémeutes ont empêché des manifestants qui voulaient monter vers la présidence à El Mouradia, de remonter le boulevard Mohamed V, en faisant usage de canon à eau et gaz lacrymogène contre eux. A partir de 17h 30, la foule a commencé à se disperser dans le calme.