Il s'agit d'une nouvelle démarche des avocats visant à mettre un terme à cet usage qui a longtemps nui à l'économie nationale. L'Union nationale de l'Ordre des avocats (Unoa) a appelé le parquet général «à ouvrir des enquêtes sur la corruption liée à l'argent public dans les plus brefs délais et à prendre des mesures conservatoires». Dans son communiqué publié vendredi soir, cette organisation qui regroupe les Ordres régionaux d'avocats a interpellé tous les procureurs de toutes les spécialisations afin de mettre un terme aux fuites des capitaux vers l'étranger. Cet appel intervient au moment où de nombreuses informations faisant état de transferts illégaux de fonds vers l'étranger sont relayées. A cet effet, de nombreux appels de personnalités et d'experts pour prendre des mesures conservatoires pour protéger l'argent public. Il s'agit d'une nouvelle démarche des avocats visant à mettre un terme à cet usage qui a longtemps nui à l'économie nationale. En effet, l'Ordre des avocats avait interpellé, le 24 mars dernier, la Banque d'Algérie, afin de surveiller rigoureusement les opérations commerciales douteuses des sociétés privées. L'Ordre des avocats d'Alger avait lancé cet appel à Mohammed Loukal, gouverneur de la Banque d'Algérie, et l'ensemble des responsables des institutions bancaires «à s'abstenir de faire passer et de rembourser les contrats ou opérations commerciales qui servent des intérêts privés». L'organisation avait évoqué des «informations qui circulent et qui sont sûres» portant sur des «opérations bancaires suspectes pour le transfert d'argent vers l'étranger dans le cadre de contrats et de marchés qui sont en contradiction avec l'intérêt général». Pour sa part, la Banque des banques a répondu qu'il ne s'agit que de rumeurs sans fondement ayant pour objectif d'instaurer un climat de confusion dans l'opinion publique. Expliquant par la suite que «les opérations de transfert des capitaux sont soumises à des contrôles très rigoureux et à une réglementation et des conditions drastiques». Me Mokrane Aït Larbi a été le premier homme de loi à interpeller la semaine passée le procureur général d'Alger, pour engager des poursuites judiciaires contre les corrompus. Il a appelé à s'astreindre à «un contrôle rigoureux des opérations financières et des mesures nécessaires et conservatoires pour faire face à toutes les tentatives visant à transférer illégalement l'argent public». Des experts et des spécialistes de l'économie algérienne ont, depuis le début du mouvement populaire que connaît l'Algérie depuis le 22 février, averti contre la «dilapidation des bien de l'Etat». Ils ont souligné que dans ce contexte de crise politique, «les réserves de change du pays doivent être sous contrôle et sous supervision directe au-delà de la Banque d'Algérie». Une solution politique urgente S'agissant du mouvement populaire, l'Ordre des avocats a tenu à dénoncer notamment «toutes les forces d'atteinte à la liberté d'expression, la liberté de manifestation pacifique». Elle a aussi condamné les «arrestations en dehors du cadre juridique». Et averti que «ces pratiques sont des crimes punis par la loi». Réaffirmant son «soutien au mouvement populaire pacifique, l'organisation demande le changement du système de gouvernance et l'instauration d'une nouvelle république fondée sur le respect de la souveraineté populaire et le principe de souveraineté de la loi». Estimant que la crise que traverse le pays est politique, la même source exige «des solutions politiques urgentes pour satisfaire les demandes du peuple». «Ce n'est pas une crise juridique ou constitutionnelle», a-t-on précisé. Soulignant l'urgence de satisfaire immédiatement les revendications du peuple, l'Unoa a proposé une feuille de route en cinq points. On préconise entre autres d'aller vers une «période de transition de courte durée», de «suspendre la Constitution» et «émettre une proclamation constitutionnelle temporaire pour gérer la phase de transition».