La mobilisation de ces hommes et femmes de loi semble inébranlable. Depuis le début des manifestations contre le 5e mandat de Bouteflika et pour le changement du système en place, les actions et initiatives se multiplient. Au moment où le Conseil constitutionnel continue l'étude des dossiers des candidats à l'élection présidentielle du 18 avril, les robes noires réunies au sein de l'Union nationale de l'ordre des avocats (UNOA) passent à la vitesse supérieure, lui demandant d'assumer ses responsabilités quant à l'avis qu'il rendra concernant la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika. Réuni hier en session extraordinaire, en présence de tous les représentants des barreaux, le Conseil de l'union «a salué le mouvement populaire pacifique contre le cinquième mandat». Dans un communiqué sanctionnant cette réunion, déposé en fin de journée au niveau de l'institution que préside Tayeb Belaiz, l'UNOA évoque «une responsabilité historique» devant laquelle se trouve le Conseil constitutionnel qui doit statuer sur le dossier de candidature du président sortant pour un cinquième mandat. Une candidature jugée «anticonstitutionnelle et antiréglementaire, à cause de son incapacité physique», lit-on dans le document. Outre le fait qu'elle soit «en contradiction avec l'article 102 de la Constitution et l'article 28 du règlement intérieur du Conseil qui stipule clairement que le candidat doit se présenter en personne», précise l'union des barreaux. A cette prise de position, s'ajoute l'initiative du Barreau d'Alger qui a décidé d'organiser une marche, ce jeudi, vers le siège de la même institution. «L'action sera entamée du boulevard longeant le ministère de l'Energie pour se diriger vers le Conseil constitutionnel», nous a précisé Me Moenis Lakhdari, membre du conseil du Barreau d'Alger. Joint par nos soins, il explique que «devant la situation que connaît notre pays, les avocats se devaient de prendre position», révélant sur sa lancée une autre réunion tenue hier par un Collectif de robes noires venus de pas moins de 14 wilayas du pays, laquelle a été sanctionnée également «par l'interpellation du Conseil constitutionnel qui doit assumer ses responsabilités en faisant respecter les lois de la république». La mobilisation de ces hommes et femmes de loi semble inébranlable. Depuis le début des manifestations contre le 5e mandat de Bouteflika et pour le changement du système en place, les actions et initiatives se multiplient. Hier, l'activité a été gelée dans la majorité des cours de justice à travers le pays. «Une réussite totale», selon les avocats ayant pris part aux sit-in organisés à l'occasion. Maintenir la pression passe par la mobilisation quotidienne. Raison pour laquelle l'UNOA a décidé de «surseoir à toutes les activités prévues vendredi 8 mars» pour permettre aux robes noires de participer aux marches annoncées dans tout le pays. Le lendemain, soit le 11 mars, l'UNOA prévoit «le boycott de tout exercice judiciaire au niveau national pour une durée de 4 jours», en plus de l'organisation de sit-in devant toutes les institutions judiciaires à partir de 10 heures 30. Le mot d'ordre de ces actions est «le respect de la Constitution, de la loi et des libertés collectives et individuelles». L'UNOA, tout en réitérant ces mêmes revendications et mettant en garde «contre leur violation», a estimé que «pour éviter d'éventuels dérapages, il y a lieu de retirer la candidature du président pour un 5e mandat». Enfin, les robes noires affiliées à l'Union des barreaux proposent comme sortie à cette impasse de «reporter l'élection présidentielle, déclarer une période de transition de pas plus d'une année, dirigée par un gouvernement d'union et neutre doté de prérogatives exécutives, pour organiser une nouvelle présidentielle transparente crédible».