L'annonce faite lundi par la présidence de la république, concernant la démission d'Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril prochain, date d'expiration de son mandat, tient le pays en halène. L'accélération des évènements en Algérie, sous la pression du mouvement populaire qui revendique le changement radical du système, fait que du jour au lendemain, des décisions peuvent être prises et changer le cours de l'histoire. Dans cette optique, l'annonce faite lundi, par la présidence de la république concernant la démission d'Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril prochain, date d'expiration de son mandat, tient le pays en halène. Surtout que le communiqué de la présidence a précisé que la nomination du nouveau gouvernement «sera suivie par d'importantes décisions» que le chef de l'Etat «prendra, conformément aux dispositions constitutionnelles». À quoi faut-il s'attendre justement ? Au fait, ce qui est déjà sûr, à se fier à la même source, c'est que ces décisions permettront «d'assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition, qui s'ouvrira à la date à laquelle il décidera sa démission». On serait donc tenté de dire que le pouvoir en place, du moins le cercle présidentiel, ne veut pas d'une solution politique en dehors du cadre constitutionnel. La démission de Bouteflika, disposition contenue dans l'alinéa 4 de l'article 102 de la Constitution, mènera droit vers Abdelkader Bensalah, président du Sénat, qui assurera la charge de Chef de l'Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. Cependant, ce scénario est déjà rejeté par le peuple. Bensalah étant l'un des symboles du régime que les algériens veulent chasser, il est totalement discrédité. C'est pourquoi dans ces «décisions importantes», il faut s'attendre à des surprises du genre, un changement à la tête du Conseil de la nation. Il est, en effet, dit que Bouteflika pourrait nommer, dans l'un des postes vacants de sénateur, une personnalité intègre et crédible qui ferait consensus au sein du peuple, puis portée à la place de Bensalah, pour ensuite générer la période de transition. Des noms sont même avancés, dont ceux de Liamine Zeroual et Ramtane Lamamra. Malgré que ce dernier soit «grillé» par la rue, alors que Zeroual, lui, est dans une autre posture. L'ancien chef de l'Etat a reconnu, hier, avoir rencontré le 30 mars, l'ex-patron du DRS, Mohamed Mediene dit Toufik, qui lui a fait la proposition de «présider une instance chargée de gérer la période de transition». Laquelle a fait l'objet d'un «accord avec Saïd Bouteflika», frère conseiller du Président. L'ancien président a décliné l'offre. Seulement, cette proposition, qui émane donc de l'intérieur du «Palais» selon Zeroual, laisse penser à un autre plan qui serait dans l'agenda des décisions importantes annoncées. En effet, confier à Zeroual la présidence d'une instance de gestion de la période de transition, suppose que toutes les autres institutions seront dissoutes. Le président Bouteflika pourrait donc annoncer la dissolution du Parlement avec ces deux chambres, voire même signer un décret à travers lequel le Conseil constitutionnel ne pourra même pas intervenir. En tous cas, la guerre qui oppose au sommet du pouvoir, la présidence à l'Etat-major de l'ANP, est ouverte à tous les scénarios. Entre le faux et l'officiel, les informations distillées révèlent le degré d'une confrontation inédite. On a même été jusqu'à annoncer «la mise à la retraite du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah», au nom de la présidence de la république. Ce qui s'est avéré être un fake news. Et si Bouteflika oserait le faire dans la foulée des «décisions importantes» annoncées ? Naïvement, la question mérite en tout cas d'être posée. Reste désormais, à savoir, quand est-ce que la présidence de la république rendra public ces décisions ? Car, même pour la démission de Bouteflika, on a laissé indéfini pour au moins un mois, le délai de son dépôt. A moins qu'à son tour, l'Etat-major ne fasse d'autres annonces qui couperaient l'herbe sous les pieds à celles du cercle présidentiel. Le suspense est entier…