Une exposition en hommage au grand maître de la musique diwan Mohammed Bahaz, rassemblant des peintures, des photographies retravaillées et une petite installation reproduisant l'univers du diwan a été inaugurée samedi à Alger par le plasticien Denis Martinez. Intitulée «Bahaz Khouya Gnaoui Blidi, histoire d'une complicité», cette exposition se tient à l'Espace d'art contemporain (Espaco) sous la direction du plasticien et écrivain Djaoudet Guessouma. A l'entrée, le visiteur est accueilli par sept grands voiles en tissu aux couleurs du diwan et une première série de portraits de Mohammed Bahaz intitulée «Bahaz Fi Place E'toute» ainsi que de vieilles photographies de l'artiste datant des années 1960 retravaillées par Denis Martinez. Le visiteur découvre par la suite sept grands formats verticaux aux couleurs chatoyantes portant un foisonnement de traits et signes connus de Denis Martinez, dans une série intitulée «Tbel», allusion à l'instrument de musique fétiche du mâallem. Cette série renvoie au dévouement de Mohammed Bahaz avec l'inscription «Makhlostchi» (je n'ai pas été payé) qui revient sur chaque toile. Au centre de l'exposition trône une œuvre baptisée «Ganga Dendoune Tbel» (renvoyant aux différentes appellation du tambour), composée de plusieurs tambours empilés et décorés par l'artiste et d'une pluie de sculptures verticales en bois accrochées au plafond. Agé de 77 ans, Mohamed Bahaz est un des plus anciens praticiens du diwan en Algérie, issu d'une famille du diwan. il a grandi dans cet univers très particulier avant de vouer sa vie entière à la musique. Il a rejoint la troupe du Théâtre national algérien et a participé à plusieurs événements artistiques et à la conception de la bande originale du film «La bataille d'Alger». Depuis une vingtaine d'années, Mohammed Bahaz se produit sur scène avec ses enfants et a pris sous son aile une multitude de jeunes groupes de musique diwan. Il est également devenu, avec son ami de longue date Denis Martinez, la coqueluche du festival «Racont'Art». Denis Martinez a expliqué que ce travail a débuté en 2004 et ne représente qu' «un dixième d'une grande exposition proposée à deux reprises au Musée des arts modernes d'Alger (Mama) sans que le projet ne se concrétise». L'exposition «Bahaz Khouya Gnaoui Blidi» se poursuit jusqu'au 4 mai à la galerie Espaco.