L'art plastique dans tous ses états Cette surprenante exposition, qui se poursuivra jusqu'au 30 juin, est accompagnée aujourd'hui d'une table ronde sur l'oeuvre universelle de l'artiste. «Khadda, l´art de décliner son identité en termes d´avenir» est le thème d´un grande et belle exposition de plus de 150 toiles du plasticien Mohamed Khadda se tenant actuellement au Mama. Celle-ci a été inaugurée dans le faste, mercredi dernier, au Musée national d´art moderne et contemporain d´Alger à l´occasion de la commémoration du 20e anniversaire de sa disparition. Le vernissage de l´exposition qui s´est déroulé en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi et de l´épouse du défunt artiste, Naget Belkaïd-Khadda sans oublier le directeur du Mama, M.Djehich. L´exposition nous fait découvrir une variété d´oeuvres de Khadda déclinées en peinture à l´huile du rez-de- chaussée au premier étage où l´on peut découvrir aussi des aquarelles, gravures et des tablettes de dessins faites par la main de l´artiste, au niveau du deuxième étage. Beaucoup de ces oeuvres sont accompagnés de citations de célèbres écrivains algériens comme Mohamed Dib, Jean Sénac ou encore Abdelmalek Alloula où l´art de Khadda est célébré dans toute sa grandeur. L´engagement de ce «poète du signe» est évoqué avec force détails. Un aréopage d´artistes plasticiens était présent lors de ce vernissage, à l´image de Denis Martinez, Djaoudet Guessouma, Karim Sergoua, le designer de la lumière, Yamo, mais aussi des hommes de lettres, dont Rachid Boudjedra et Zeineb Laouedj, ou encore de cinéma comme Ahmed Bedjaoui, conseiller émérite au département cinéma du ministère de la Culture. L´ensemble des tableaux exposés font partie de la collection du Musée national des beaux-arts d´Alger, du Musée national Ahmed-Zabana d´Oran, de l´Union nationale des arts culturels (Unac) et de l´atelier Khadda. Certaines ont été prêtées par des collectionneurs particuliers, passionnés de la peinture de l´initiateur de l´école du signe, Awchem. En parcourant les galeries du Mama de bas en haut, le visiteur peut (re)découvrir l´intégralité de l´oeuvre de Khadda depuis ses toutes premières toiles réalisées dans les années 1950. L´exposition met en exergue son parcours artistique par ses différents tableaux, à travers les années, avant sa mort, le 4 mai 1991, d´un cancer du poumon. Parallèlement à l´exposition, plusieurs tables rondes seront organisées aujourd´hui et porteront, notamment sur «l´image Khadda et la mondanité de l´art maghrébin», «l´irruption de la peinture algérienne», «l´alphabet libre et l´esprit de renouveau ou encore comment et pourquoi la non-figuration chez Khadda?» Ces tables rondes seront animées, notamment par Benamar Mediene, Malika Bouabdallah et Naget Khadda. Des témoignages des amis de Khadda viendront aussi enrichir cette journée. Aussi, le lendemain et dans un autre registre se tiendront les rencontres Place publique, placées sous le thème «Les modernités hors de l´Europe, réflexion sur le thème de la modernité comme volonté et comme représentation». Il sera ainsi question d´aborder plusieurs problématiques dont celles de la modernité ou contemporanéité, et ce, partant de la présence de Marcel Duchamps à Alger, mais aussi de l´art et les modernités en localité et universalité. En somme, beaucoup de réflexions et d´échanges en perspective! Dans une déclaration à la presse, l´épouse de feu Khadda, s´est dite «heureuse de voir toute l´oeuvre de l´artiste réunie dans le même espace et mise à la disposition d´un large public afin qu´il puisse la découvrir, l´admirer et pénétrer dans son univers magique». Selon elle, «il est important que les toiles des plasticiens de la trempe de Khadda soient vues, car elles forment une oeuvre monumentale qui fait partie de la mémoire des arts plastiques en Algérie». Mohamed Khadda est né le 14 mars 1930 à Mostaganem dans l´Ouest algérien. A 17 ans, il s´essaie à la poésie et effectue ses premières peintures en autodidacte. En 1953, il arrive à Paris avec l´idée de se consacrer plus sérieusement à la peinture. Il travaille comme typographe et maquettiste dans différentes imprimeries. Depuis son arrivée en France jusqu´à 1962, il fréquente les cours du soir de l´Académie de la Grande Chaumière. Il retrouve le journaliste Mustapha Kaïd, se lie avec le comédien Mustapha Kateb et le romancier Kateb Yacine. Il milite pour l´Indépendance de l´Algérie. En 1963, Khadda rentre en Algérie. Il est membre fondateur de l´Union nationale des arts plastiques (Unap). Il expose dans plusieurs expositions personnelles et collectives en Algérie et à l´étranger.