L'opération de révision exceptionnelle des listes électorales à laquelle a appelé le ministère de l'Intérieur, en prévision de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, est boycottée par de très nombreux maires de la région. L'opération, qui devait en principe débuter le 16 avril et s'achever le 23 du même mois, a été en effet rejetée par les municipalités. Les édiles fondent leur argumentaire sur le refus par le peuple de toutes les décisions du gouvernement. Ils étaient au moins une dizaine de présidents d'APC à annoncer publiquement avant-hier, qu'ils se pliaient à la volonté des citoyens. La dissidence a vite fait de se propager aux autres assemblées populaires communales. Hier, les élus de l'APC d'akbou ont fait savoir à travers un communiqué dont nous avons obtenu une copie, qu'ils boycottaient l'opération de révision des listes électorales. «L'ensemble des élus de l'Assemblée populaire communale d'Akbou se déclare partie prenante du mouvement populaire, et décide de ne procéder ni à la révision des listes électorales ni à la préparation de l'élection présidentielle du 4 juillet 2019», lit-on à travers le communiqué. L'Assemblée populaire communale de Barbacha, dirigée par Sadek Akrour, s'est jointe, elle aussi, au mouvement de dissidence contre les instructions du gouvernement. Dans une déclaration rendue publique hier et signée par son président, l'APC de Barbacha indique qu'elle «rejette catégoriquement la prétendue élection présidentielle du 04 juillet 2019». Sadek Akrour précise, par ailleurs, que le personnel chargé habituellement des élections «est affecté pour renforcer le service de l'état-civil». Par ailleurs, et en prévision d'une étroite collaboration, les maires sont appelés à une réunion de concertation qui aura lieu demain 16 avril, à la salle des Congrès de la wilaya. Il va sans dire que cette situation tout à fait inédite, ne sera pas sans conséquences sur l'agenda officiel du gouvernement qui a tablé sur une transition constitutionnelle de 90 jours, avec une élection présidentielle à l'issue. C'est un gros grain de sable qui vient s'incruster, en effet, dans la machine gouvernementale. Ajoutée aux mouvements de protestation que suscite le déplacement des membres du gouvernement à travers le pays, lesquels n'arrivent parfois pas à quitter l'enceinte de l'aéroport, comme ce fut le cas dimanche à Tébessa, la rébellion des communes, véritables cellules de base de l'Etat, peut s'avérer fatale au calendrier du pouvoir actuel qui mise sur sa propre solution pour une sortie de crise.