«Pour que la période de transition réussisse, il nous faut une institution forte, et la seule qui l'est aujourd'hui en Algérie, c'est l'armée nationale populaire», a déclaré Mustapha Bouchachi hier, lors d'une conférence tenue à la maison de la culture Ali Zaâmoum de Bouira. M. Bouchachi a tenu à souligner que la réussite de la période de transition ne peut pas se faire sans l'implication de l'ANP. «L'ANP doit accompagner cette période de transition. Nous avons besoin de cette institution dans cette période. Nous devons être pragmatiques et objectifs», ajoute-t-il. L'intervenant estime que la dernière déclaration du chef d'état-major et vice-ministre de la défense, et ses positions affichées du côté du peuple, sont un message clair que la mafia est toujours là. L'avocat a déclaré qu'il faudrait des procédures concrètes à ce sujet. Quant à la désignation dans la même journée, d'un nouveau président du conseil constitutionnel, Me Bouchachi a souligné que c'est pour entraver le processus du changement entamé par le peuple, et c'est une manœuvre pour contrôler les élections présidentielles. Pour une sortie de crise, le militant des droits de l'homme a présenté sa vision des choses. Il a proposé, une fois les démissions de Bensalah et de Bedoui faites, le haut conseil de sécurité peut se réunir et se concerter pour la désignation de trois personnalités pour assurer la présidence collégiale. «Ces trois personnalités doivent faire le consensus national. Il y a plusieurs personnalités connues, propres et qui n'ont jamais été impliquées dans des affaires de corruption. Ces trois personnes vont ensuite désigner un premier ministre technocrate pour la formation d'un gouvernement technocrate, loin de toutes couleurs politiques. Ce gouvernement aura la charge d'organiser des élections transparentes», a déclaré Me Bouchachi, tout en soulignant que c'est ce qui permettra de passer d'un «régime totalitaire vers un régime démocratique». Le militant des droits de l'homme affirme que Bouteflika, avant son départ, a piégé la vie politique, et avec l'actuelle constitution, il avait piégé la période de transition. «C'est pourquoi nous ne pouvons pas accepter l'application de l'article 102. Est-il possible de permettre à ces gens-là d'organiser les élections propres ? Bedoui était ministre de l'intérieur et un wali, il s'est habitué à la falsification de la volonté populaire. Nous avons raison de ne pas accepter. Nous ne pouvons pas accepter qu'ils encadrent la période de transition», dit-il. Ainsi, l'application de l'article 07 de la constitution, selon Me Bouchachi, «donne le droit aux algériennes et algériens de réfléchir ensemble pour l'organisation de la période de transition». Le conférencier a évoqué l'ingérence étrangère dans la contestation populaire, en affirmant que c'est une question «algéro-algérienne». «Nous n'avons pas besoin de l'ingérence étrangère. Nous ne voulons ni des ONG ni de l'ONU, ni autres sociétés civiles. Nous voulons que l'affaire reste algéro-algérienne. Notre but est de construire un Etat démocratique», a insisté Mustapha Bouchachi, qui dit à la mobilisation et de ne pas s'arrêter à mi-chemin, car il estime que «nous n'avons réalisé qu'une victoire partielle. Nous ne devons pas nous arrêter. Il ne nous faut pas avoir l'objectif uniquement de déloger la mafia, mais aussi celui de construire un Etat démocratique». « Le seul président actuellement, c'est le peuple», répond Me Bouchachi à une personne qui a scandé dans la salle : «Bouchachi président».