Le monde ouvrier dans la wilaya de Boumerdès est en ébullition depuis plusieurs mois. Les travailleurs de l'Algérienne des Réalisations et Construction du Centre (ALRECC) sont en grève illimitée depuis le début de la semaine. Ils réclament le versement de leurs salaires impayés des quatre derniers mois, et l'amélioration des conditions de travail. Les manifestants ont, depuis dimanche dernier, observé un sit-in devant l'entrée d'un chantier au profit du centre de recherche en produits rouges et matériaux de construction, Cetim, pour réclamer la satisfaction de leurs revendications. Des banderoles ont été brandies par des manifestants sur lesquelles on pouvait lire «Grève illimitée des travailleurs d'ARLECC», «On exige le paiement immédiat de nos salaires» et «Non à la hogra». C'est le deuxième mouvement de contestation à ALRECC ainsi qu'au niveau de ses filiales comme EBA depuis le mois de février dernier alors que le pays vivait une révolution pacifique populaire contre le système en place. Les travailleurs avaient même d'ailleurs dénoncé le chantage des responsables quant à l'octroi de signatures au profit de l'ex-candidat président déchu, Bouteflika Abdelaziz. Les manifestants qui observaient toujours leur sit-in réclament la signature d'une convention collective avec leur partenaire et exigent l'amélioration des conditions de travail au niveau des chantiers. «Suite à notre mouvement de février dernier, les responsables nous ont versé les salaires des mois de novembre et décembre derniers, mais depuis le mois de janvier de l'année en cours, aucun sou n'est encore versé, plongeant ainsi les travailleurs dans une situation dramatique, surtout que nous sommes à l'approche du mois de Ramadhan et que la quasi-totalité des travailleurs sont venus des autres wilayas du pays», nous dira un ouvrier, père de famille, qui avoue percevoir un salaire ne dépassant pas les 16 000 DA. Par ailleurs, une trentaine de travailleurs de l'usine de fabrication de chaussures, Manuca, dans la commune de Naciria, sont sans salaire depuis plus de sept mois. Les travailleurs avaient observé, en septembre 2018, un sit-in devant l'usine située dans la zone d'activité pour réclamer l'augmentation des salaires et l'instauration des primes liées notamment à la femme au foyer et au risque au travail. Les responsables ont menacé alors de licencier les manifestants. L'affaire a été emmenée en justice, qui a rendu un jugement en faveur des travailleurs, mais les responsables s'entêtent. Et depuis, les travailleurs observent, quasi quotidiennement, des sit-in et marches et autres actions de protestation pour faire valoir leurs droits. Récemment, les citoyens de la commune, solidaires des travailleurs grévistes, ont marché dans la ville et vers l'usine Manuca pour exiger l'application des décisions de justice.