La presse électronique est à ses débuts en Algérie et son développement nécessite un financement et une généralisation de l'accès à l'Internet à travers le pays, estiment des chroniqueurs. Dans un entretien à l'APS, à l'occasion de la journée nationale de la presse, l'universitaire et chroniqueur Belkacem Mostfaoui indique que "les médias électroniques sont dans des usages d'un premier âge en Algérie. Ils sont au stade d'introduction". Cette nouvelle "aventure intellectuelle" a été amorcée, selon lui, au début des années 2000 quand des journaux quotidiens avaient pris l'initiative de s'introduire dans le domaine du journalisme électronique en publiant leurs éditions papiers sur leurs sites internet. "Certains de ces journaux ont été encore un peu plus loin : ils ont des éditions électroniques pures, c'est-à-dire que l'édition est différente de celle qui est imprimée et celle-ci donne la possibilité d'une réactivité, d'un renouvellement et d'un enrichissement de l'actualité au fur et mesure que la journée s'écoule", précise-t-il. Le secteur s'est par la suite élargit à des "expériences balbutiantes" dans l'édition de sites électroniques et de blogs et dans le lancement de télés web et de radios web. Dix ans environs après son émergence, cette "presse alternative" peine toujours à s'affirmer et à se professionnaliser, selon le chroniqueur de presse Ahmed Halfaoui. "La presse électronique demeure au stade artisanal sur les plans technique et des fonctionnalités", déplore-t-il. Interrogés, par ailleurs, sur les moyens de favoriser le développement du journalisme électronique et de l'amener ainsi à sortir de son "premier âge" et de ses pratiques "artisanales", MM. Mostfaoui et Halfaoui étaient unanimes pour dire que cela exige des moyens financiers, mais surtout une généralisation de l'accès à internet. "Les médias électroniques et leurs utilisateurs dépendent du sous-développement d'Internet en Algérie. Ils subissent les conséquences du grave déficit qu'accuse le pays dans ce domaine", relève M. Mostfaoui. Pour M. Halfaoui, il faudrait qui y ait un développement important d'Internet et de la téléphonie mobile à travers tout le pays pour "élargir l'audience de la presse électronique qui est encore très limitée". S'agissant du contenu, l'universitaire qualifie certains sites d'information hébergés à l'étranger mais ciblant le public algérien, d'"entreprises qui ne sont pas assez consolidées et qui pratiquent un journalisme limité à cause du déficit en moyens". "Ces journaux en ligne diffusent certaines informations qui sont assez souvent vérifiées, peut-être un peu trop rapidement parce que le journalisme nécessite une mise en perspective qui, elle-même, demande un savoir-faire journalistique", nuance M. Mostfaoui. M. Halfaoui y déplore pour sa part une "dominance de la critique qui porterait un certain discours vis-à-vis du pouvoir en place, qui attire le plus (les internautes) mais qui pèse un peu sur la qualité de l'information". "Il y a un certain discrédit vis-à-vis de cette presse électronique qui fait plus dans la surenchère anti-pouvoir, un peu à la façon tract, que dans l'information réelle, c'est-à-dire informer le public sur l'état des lieux du pays", juge-t-il. Plus critique, le chroniqueur va jusqu'à reprocher à certains sites électroniques de s'ériger en "tribunes de propagande anti-algérienne qu'alimente un discours néocolonial loin de toute déontologie".