Ils se comptent sur les doigts d'une seule main, mais certains connaissent des fortunes diverses, mais de manière générale, on peu estimer que la presse électronique algérienne a déjà gagné la bataille de l'existence. En attendant de livrer celle de la survie. Par son contenu, comme par son audience, elle s'est imposée dans le paysage médiatique et ses principaux animateurs lui prédisent une marge de développement appréciable. Algérie Express : "Une aventure qui revendique une autonomie totale" Lancé depuis près de deux ans, Algérie Express s'impose déjà comme un site d'information de référence en Algérie. L'implication de professionnels ayant déjà fait leurs preuves a sans doute permis à Algérie Express de se faire aussi vite une place de choix dans le paysage de la presse électronique. Ali Graïchi, un des tout premiers journalistes à y exercer, contacté hier, a tenu d'emblée à souligner que l'idée du lancement de ce site revient à "des journalistes qui exerçaient déjà dans la presse écrite et qui, pour une raison ou une autre, ne pouvaient pas s'exprimer librement ou traiter l'information sans encombre de tel ou tel autre facteur". Depuis, le site a été régulièrement rejoint par de nouvelles, dont "des commis de l'état qui collaborent par la plume ou comme source d'information", a indiqué pour sa part Hamid Guerni, une autre plume d'Algérie Express, qui, non sans une pointe de fierté, évoque "les nombreux scoops" rapportés par le site. Des difficultés économiques ? Pour l'instant, le site Algérie Express "refuse toute forme de publicité", répond M. Graïchi, car "les annonceurs sont généralement soucieux de ne pas afficher leur solidarité avec une ligne éditoriale qui fait de l'autonomie son credo", explique-t-il. "Nous avons donc initié un concept qui essaie de contourner la censure par une forme de mutualisation des journalistes pour continuer d'avancer dans cette aventure qui revendique et suppose une autonomie totale", a encore souligné Ali Graïchi. Cela appelle "détermination, engagement, éthique, voire militantisme", ajoute-t-il, en se posant toutefois la question de savoir si cela suffira ou non pour tenir dans la durée. Mais pour l'heure, "ça marche" et l'aventure continue, ajoute Hamid Guerni. à Algérie Express, on pense aussi à l'avenir. "Certains membres de l'équipe explorent des pistes pour un financement qui ne risquerait aucunement de peser sur la ligne éditoriale du site. L'on pense notamment à l'apport d'entreprises binationales implantées en Europe", précise M. Graïchi. En attendant, le site continue d'étoffer son équipe. L'on annonce déjà la venue prochaine de Meziane Ourad, grand reporter connu depuis les beaux jours d'Algérie Actualités, qui interviendra principalement dans la rubrique Culture d'Algérie Express. TSA : "Il n'y a pas de politique permettant le développement de la presse électronique" Mais la presse électronique, dans son ensemble, est encore loin de s'être imposée comme acteur incontournable dans le champ médiatique national. De l'avis de Hamid Guemache, un des fondateurs du site Tout sur l'Algérie (TSA), joint hier au téléphone, les sites d'information ont du chemin à faire. "La presse électronique n'est pas bien développée chez nous. Il n'y a pas une politique claire pour permettre le développement d'une presse électronique crédible", a-t-il déploré. "Ce qu'on demande, c'est qu'il y a plus de facilités pour la presse électronique afin d'assurer son développement mais aussi pour la création de nouveau sites", a-t-il ajouté. Pour lui, les handicaps sont légion. Les sites ont du mal à obtenir l'autorisation d'exercer et à accéder à l'aide publique. "Nous n'avons aucune aide publique directe ou indirecte. Même l'Anep n'est pas autorisée à donner de la pub aux sites électroniques", a regretté M. Guemache. "C'est anormal que l'Anep continue à bouder ces sites alors qu'ils ont un lectorat. C'est loin d'être une décision économique", a-t-il encore souligné. Des contraintes bien réelles et surtout pesantes pour une presse électronique balbutiante mais qui peut compter sur les quelques avantages que procure une existence exclusive sur le Net pour tenir le coup. Elle n'a pas une grosse masse salariale comme celle de presse papier ni les coûts exorbitants de l'impression. Il faut dire que les sites d'information ne sont pas tous logés à la même enseigne : certains s'en sortent plus ou moins bien, d'autres non. TSA, par exemple, doyen des pure-players algériens, lancé en 2007 par les frères Guemache, Hamid et Lounès, a réussi tout de même à se faire une place sur la scène médiatique. Aujourd'hui, il emploie une équipe de 20 personnes (permanents, chroniqueurs, pigistes, etc). "Tsa est leader de la presse électronique en Algérie avec 2,2 millions de visites uniques par mois", s'est félicité M. Guemache. "C'est un site financé à 100% par la publicité. Les annonceurs ont commencé à venir à partir de 2009 et 2010", précise-t-il. Les sites d'information ne sont-ils pas des concurrents de la vieille presse pour reprendre l'expression d'Edwy Plenel ? "Ils sont complémentaires", rectifie M. Guemache, qui estime, toutefois, que les journaux papier doivent faire l'effort de s'adapter à la nouvelle réalité qui est Internet. Algérie-patriotique : "Il faut nous traiter au même titre que les journaux" Contacté par téléphone, M. Aït Amara, responsable de la rédaction du site Algérie-patriotique estime, de son côté, que "les sites d'informations restent toujours non agréés en Algérie". Cette situation, a-t-il dénoncé, a fait que les responsables de ces sites doivent recourir à la domiciliation à l'étranger du fait que le domaine Dz n'est pas disponible pour ces sites. Pour lui, il faut que l'état facilite la tâche à ces journalistes par l'ouverture du champ médiatique pour ces professionnels de l'information. Concernant l'objectif de ces sites, notre interlocuteur a souligné qu'ils sont là "pour briser la chape de plomb imposée par le pouvoir sur les journaux", car, en termes de liberté d'expression, "nous sommes beaucoup plus à l'aise que les journaux". Plus précis, il a ajouté que les sites autofinancés, comme Algérie-patriotique ont une marge de manœuvre beaucoup plus importante que les journaux qui sont soumis au diktat des annonceurs. à titre d'exemple, il a cité des affaires de "malversations dans lesquelles plusieurs annonceurs se sont rendus coupables" et que son site a dénoncés. Il a plaidé, par ailleurs, pour la reconnaissance de ces sites, estimant qu'ils doivent être traités au même titre que les journaux, afin de pouvoir drainer des annonceurs, seuls à même de garantir la survie de ces sites. Saïd C./A. C./M. Mouloudj Nom Adresse email