Déployé dès les premières heures de la journée, un extraordinaire dispositif policier s'est dressé en face de ces manifestants en leur bloquant l'accès à la rue Hassiba Ben Bouali. Plusieurs centaines de travailleurs ont été empêchés de battre le pavé jusqu'à la Grande Poste à l'occasion de la journée internationale des travailleurs. La contestation contre le pouvoir ne faiblit pas. A l'occasion de la journée internationale des travailleurs (1er mai), les syndicalistes-travailleurs se sont rassemblés hier, devant le siège de la centrale syndicale pour scander le départ de son patron Abdelmadjid Sidi Saïd, ainsi que toutes les figures de l'ancien système. Malheureusement, ces travailleurs n'ont pas pu célébrer leur fête comme ils le voulaient. Ils ont été empêchés de marcher jusqu'à la Grande Poste, place principale du mouvement populaire, par plusieurs centaines de policiers. Déployé dès les premières heures de la journée, un extraordinaire dispositif policier s'est dressé en face de ces manifestants en leur bloquant l'accès à la rue Hassiba Ben Bouali. Pour les empêcher de rejoindre les autres protestataires regroupés à la Grande Poste, les forces de sécurité ont réprimé plusieurs d'entre eux. Par l'utilisation de grenades lacrymogènes et des coups de matraque, les représentants de l'ordre ont été impitoyables envers les manifestants. Au moment de la bousculade avec les policiers antiémeute, les syndicalistes-travailleurs n'ont pas cessés de scander des slogans dénonçant cette répression en soulignant le cachet de cette marche par : «Silmya, silmya (pacifique) !», «Algérie libre et démocratique !», «pouvoir assassin !», répliquaient ces manifestants contre les coups des policiers. La répression bat son plein. Dans l'après midi, des tirs de grenades à gaz lacrymogène ont été lancés par les policiers alors que la manifestation se déroule de manière pacifique. Plusieurs blessés ont été signalés. Lors de ce rassemblement, les travailleurs réclamaient le départ du système politique et tous ses symboles. Ils ont insisté entre autres sur «le départ» et «le jugement» de Sidi Saïd, SG de l'UGTA depuis 1998. En outre, la Journée internationale des travailleurs est célébrée cette année dans un contexte particulier marqué par le mouvement populaire. Depuis le 22 février dernier, l'Algérie vibre sous les pieds de millions d'Algériens. Des rassemblements, des grèves et des marches sont organisés à travers plusieurs régions du pays, pour la création d'un Etat de droit. Dans ce mouvement populaire, des appels sont lancés pour l'organisation de marches et de rassemblements contre le système, à l'instar de cette marche qui a marqué la journée des travailleurs. En effet, pour la célébration de cette journée, la Confédération des syndicats algériens (CSA) a lancé un appel pour l'organisation d'une marche à travers tout le territoire national. A travers cette mobilisation, la confédération voulait affirmer son soutien au mouvement populaire, d'une part et améliorer la situation des travailleurs par ailleurs. La CSA, qui regroupe 13 formations syndicales – représentant le secteur de la fonction publique et des secteurs économiques – avait précisé que cette marche a pour objectif de dénoncer les entraves et les répressions au libre exercice syndical ainsi que des licenciements abusifs. La CSA a rejeté les consultations engagées par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, considérant la démarche de manœuvre visant à briser le mouvement populaire, comme celle contre l'organisation des élections présidentielles du 04 juillet prochain. Elle a dénoncé, enfin, les abus et la répression des manifestants lors des différentes manifestations par certains services de sécurité.