Cette fois-ci, les policiers ne sont pas allés de main morte, ils répriment les protestataires, qu'ils soient étudiants, enseignants, travailleurs… La répression contre les manifestants s'accentue. Depuis les premières heures de la journée, plusieurs centaines de policiers ont barricadé les alentours de la capitale, pour empêcher les manifestants de marcher contre le pouvoir. Un déploiement exceptionnel qui rappelle les premiers jours du mouvement populaire, quand le pouvoir avait hésité à utiliser la force. Ces deux derniers jours, les policiers n'ont pas lésiné sur les moyens, pour stopper les centaines de protestataires déployés dans les principales rues d'Alger-Centre. Grenades au gaz lacrymogène, canon à eau, interpellation des passants… Cette fois-ci, les policiers ne sont pas allés de main morte, ils répriment les protestataires, qu'ils soient étudiants, enseignants, travailleurs… Face à un système qui ne veut pas lâcher prise se trouve un peuple décidé à mettre un terme à un règne qui dure depuis quelques décennies. Le départ du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, n'a rien changé pour l'instant, car le flambeau a été transmis aux mêmes gens du système rejeté par la rue. C'est donc Bensalah qui conduira la transition durant les 90 jours de transition comme chef de l'Etat par intérim, et Bedoui chef du gouvernement, deux personnalités très impopulaires. Depuis le départ de l'ex-président de la république, la mobilisation du peuple ne fait que s'accroître. Désormais, le peuple veut le départ des quatre «B» (Belaiz, Bedoui, Bouchareb et Bensalah), ainsi que l'application des articles 07 et 08 de la constitution, comme l'avait préconisé le chef d'état-major, vice-ministre de la défense, Ahmed Gaïd Salah, dans ses précédents discours. Hier, une marée humaine a envahi les rues de la capitale pour scander le départ du pouvoir. Etudiants, enseignants, syndicalistes et travailleurs ont dénoncé dans leurs slogans, la répression qu'ils subissent. «Système dégage !», «Bensalah Dégage !», des slogans hostiles scandés par plusieurs centaines de personnes, pour réclamer le départ des symboles de cette bande qui continue à piller le pays, même au bord de la faillite. Toute la journée d'hier, policiers et manifestants s'affrontaient. A travers les principales rues de la capitale, à l'instar de Hassiba Benbouali, Mauritania, Maurice Audin, 1er mai, les gens marchaient pacifiquement contre le système. Appelant Gaïd Salah à tenir ses promesses sur l'application des deux articles 07 et 08, les manifestants ont exprimé leur volonté de changer le système actuel. Pour faire face à cette forte mobilisation, les policiers ont sorti les grands moyens. Ils ont, a ce propos, sévèrement brutalisé les manifestants pour les empêcher de se rassembler dans un seul endroit, et la Place Audin a été interdite d'accès aux passants. Confisquant les téléphones mobiles à la place 1er mai, des centaines de policiers ont utilisé la force pour barrer la route aux manifestants qui cherchent à rejoindre le mouvement populaire. Les forces de l'ordre ont, en outre, interpellé des syndicalistes rassemblés devant le siège de l'Union générale des travailleurs pour exiger le départ d'Abdelmadjid Sidi Saïd, le patron de la centrale syndicale. L'injustice dont ont fait preuve ces policiers contre les syndicalistes a fortement déplu aux citoyens, qui ont tenté par tous les moyens d'empêcher les interpellations.