Toutefois, il faut dire que nous n'avons pas assisté à la démonstration de force qu'ils promettaient depuis plusieurs jours. Après la démonstration de force des étudiants mardi dernier, les travailleurs voulaient faire de même hier. Depuis plusieurs semaines, les syndicats ont mobilisé leurs troupes pour faire de cette fête internationale du Travail celle du... Hirak. C'est ce qui s'est effectivement passé, hier, et c'est ce qu'ont voulu empêcher les services de sécurité. En effet, comme les trois derniers vendredis, les services de sécurité ont bloqué tous les accès vers la capitale. Il était très difficile de venir sur Alger. La circulation automobile était des plus difficiles. Les forces de l'ordre ont complément quadrillé «El Mahroussa». Leur nombre était d'ailleurs des plus impressionnants! Le pouvoir semblait craindre cette journée de mobilisation. Pour preuve, les forces de l'ordre ont tenté coûte que coûte d'empêcher les marches! La mauvaise habitude de la répression a même fait son retour puisqu'au niveau de la place du 1er Mai, la matraque a été de la partie tout comme les gaz lacrymogènes. Les images que l'on ne voulait plus revoir chez nous, ont refait surface: des femmes et des hommes par terre après s'être fait bousculer par les policiers, des manifestants pacifiques «étouffés» par les gaz lacrymogènes...Bref, tout ce qui ne fait pas partie de la culture «Silmiya» de la révolution du 22 février. Néanmoins, les manifestants ont tenu à garder le caractère pacifique du mouvement en répondant par les fameuses «silmiya», «silmiya» avant de lancer des slogans hostiles au pouvoir, notamment contre le chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah et son Premier ministre Noureddine Bedoui. Ils ont ensuite scandé en choeur «Hadhi nakaba machi Issaba» (ceci est un syndicat pas un gang, Ndlr). La pression policière ne les a toutefois pas empêchés de marcher. Cela même si l'objectif de la grande marche de la place du 1er Mai jusqu'à la Grande Poste via la rue Hassiba Ben Bouali n'a pas été atteint! Certains ont cependant réussi à forcer les barrages dressés par les URS pour atteindre en petits groupes leurs objectifs. On a dans ce sens assisté à trois rassemblements: un à la place du 1er Mai, un à la Grande Poste et un au niveau de la Centrale syndicale Ugta. Dans les deux premiers, les syndicats autonomes étaient majoritaires. Il s'agit des membres de la Confédération des syndicats algériens (CSA) qui regroupe 13 syndicats autonomes issus de la santé, l'enseignement supérieur, l'éducation nationale... Le rassemblement de la rue Aïssat Idir était plus composé des frondeurs de l'actuel secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd. Ils réclament son départ immédiat de la tête de la Centrale syndicale tout en appelant à la remettre sur la voie tracée par les défunts Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda. Sidi Saïd était donc leur première cible, tout comme Bensalah et Bedoui. Certains ont par contre demandé à la justice de venir «fouiner» dans leurs sociétés pour découvrir de graves affaires de corruption et de mauvaise gestion.