le chef d'état-major vient de rejeter tous les appels, dont le dernier en date, celui des Trois (Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles). Seul contre tous, le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, persiste et signe sur la tenue des élections présidentielles. «La tenue des élections présidentielles permettra d'éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel, et tout ce qui s'en suivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses, ce qui exige des enfants dévoués de l'Algérie, jaloux de la notoriété de leur patrie et des intérêts de leur pays et sa place parmi les nations, d'adhérer à cette démarche décisive pour l'avenir du pays», a déclaré hier Gaïd Salah, dans une allocution prononcée devant les cadres et personnels militaires de la 4e Région militaire, à Ouargla. Très attendue à l'occasion de cette visite, d'autant qu'elle coïncide avec la clôture du délai de dépôt des candidatures pour l'échéance électorale fixée au 4 juillet, le chef d'état-major vient de rejeter tous les appels, dont le dernier en date, celui des Trois (Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles). La qualifiant de «Porteuse de graves dangers», ils ont expliqué que «la situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet, ne pourra que retarder l'avènement inéluctable d'une nouvelle République». «Car, comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes, alors qu'elles sont d'ores et déjà rejetées par l'immense majorité de la population, parce' qu'organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ?», se sont interrogés les signataires. Pourtant, le général de corps d'armée, qu'ils ont appelé à ouvrir le dialogue avec les figures du Hirak et la classe politique, a un autre avis. Pour lui, «la tenue des élections présidentielles mettra un terme à tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise». Raison pour laquelle d'ailleurs, il ne veut pas la perte de plus de temps. Gaïd Salah dira que l'étape principale serait «d'accélérer la création et l'installation de l'instance indépendante pour l'organisation et la supervision des élections». Une directive indirecte au chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, et au gouvernement Bedoui d'accélérer le processus. Plus clairement, il ajoute : «nous attendons, dans ce cadre, l'accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l'outil juridique idoine, pour préserver la voix de l'électeur et donner une crédibilité aux élections». Soutien à Bensalah et à Bedoui Le général de corps d'armée a pointé des individus et des entités qui, dit-il, «veulent maintenir le pays dans l'impasse». Ces derniers «tentent sciemment de nous mener vers le vide constitutionnel, avec tous les risques et menaces qu'il peut comporter», a accusé Gaïd Salah, avertissant contre cette voie «aux conséquences désastreuses sur les plans économique et social du pays». Le numéro 1 de l'armée -en l'absence d'un président de la République, ministre de la Défense nationale, Chef suprême des forces armées-, est revenu encore une fois, sur certaines revendications du Hirak qu'il qualifiera d'«irrationnelles». Estimant «préférable» que les marches se caractérisent par un niveau raisonnable et suffisant d'organisation, et d'encadrement efficace pour, soutient-il, «faire émerger de vrais représentants qui se distinguent par leur sincérité et intégrité», Gaïd Salah pense que cela pourra éviter «toute forme d'anarchie». Mais aussi éviter de tomber, selon lui, dans «le piège de l'infiltration» par des individus qu'il soupçonne de chercher à utiliser les marches pour «transmettre certaines revendications irrationnelles». Comme exemple, il citera «l'exigence du départ collectif de tous les cadres de l'Etat, sous prétexte qu'ils représentent les symboles du système». Et dans ce qui semble être une fin de non-recevoir, au départ de Bensalah et de Bedoui, le chef d'état-major de l'ANP n'hésitera pas à voler à leur secours. «Il s'agit d'une revendication non-objective et irraisonnable, voire dangereuse et malveillante, qui vise à déposséder les institutions de l'Etat de ses cadres et les dénigrer», a-t-il déclaré, défendant des «cadres qui ont eu le mérite de servir leur pays à tous les niveaux, avec intégrité et dévouement». Plus que ça, «nul n'a le droit de se substituer à la justice, en leur proférant des accusations et en réclamant leur départ», tranche Gaïd Salah, en réponse aux revendications populaires. Aïssa Moussi Dialogue : «L'ANP ne sera pas partie prenante» Le général de corps d'armée a estimé «impératif» que le Hirak puisse s'organiser, pour dégager des représentants à même de dialoguer avec le pouvoir en place. «Il devient impératif de revoir la manière d'organiser ces manifestations, et la nécessité de les encadrer par des personnes ayant un esprit nationaliste responsable, qui craignent Allah quand il s'agit de leur peuple, leur patrie et les institutions de leur Etat», a souligné Ahmed Gaïd Salah. Ces mêmes personnes, a-t-il ajouté, qui vont œuvrer «à transmettre les revendications populaires, dans le cadre d'un dialogue sérieux et constructif avec les institutions de l'Etat», le chef de l'Etat et le gouvernement, en d'autres termes. Le tout, «en prenant en considération les revendications réalisées jusqu'à présent, grâce à l'accompagnement permanent de l'Armée Nationale Populaire», a-t-il insisté, non sans préciser que cette dernière (l'ANP), «s'est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté». Une réponse à tous les appels qui lui ont, jusque-là, été adressés, entre autres celui de Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles. A.M. «Les têtes de la bande ont eu la sanction qu'elles méritent» Le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP, a commenté pour la première fois l'incarcération de Saïd Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag, désignées comme «les têtes de la bande». Dans son allocution, il dira que leur emprisonnement est «juste». «Nul doute que les têtes de la discorde, qui ont été démasquées, ainsi que leurs actes criminels et pernicieux néfastes pour l'Algérie, sont aujourd'hui en train de subir la sanction juste et équitable qu'elles méritent par la force de la loi», a-t-il déclaré, et d'avertir que «ce sera également le sort de tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l'ANP et l'Algérie». Rappelant l'activation de l'article 102 de la Constitution, Gaïd Salah explique que cette démarche «a suscité de nombreuses interprétations erronées et tendancieuses de la part des têtes de la bande, qui ont créé autour dudit article une agitation afin d'avorter toute démarche présentée par le Commandement de l'ANP». Ahmed Gaïd Salah mettra en garde tous ceux qui sont désignés aux fonctions supérieures, qui seraient tentés de servir leurs intérêts au détriment du pays, «que l'Etat algérien est fort par ses lois, son peuple et son Armée, qui forment un rempart solide pour protéger cette chère patrie, des complots de ceux qui veulent, sans scrupule aucun, enliser l'Algérie dans des méandres aux conséquences inconnues».