En 2008, presque tous les sinistrés étaient relogés dans des habitations dignes de ce nom. Mais les chalets qu'ils occupaient ont été octroyés à d'autres familles dans le cadre social. Il y a seize ans, jour pour jour, un séisme d'une magnitude de 7.6 sur l'échelle ouverte de Richter frappa, un certain 21 mai 2003, Boumerdès et ses environs. Nulle ne peut oublier un si terrible cataclysme, qui avait fait près de 3000 morts, 10 000 blessés, et détruit des cités entières. Le souvenir, mauvais soit-il, revient toujours dans les esprits des milliers de Boumeredassis ou d'Algeriens, ayant perdu des proches dans cette catastrophe naturelle. Alors que des centaines de familles comptaient leurs morts, et que d'autres recherchent les leurs sous les décombres de bâtiments effondrés comme des châteaux de cartes, l'Etat retrousse ses manches pour reloger, avant l'entame de l'hiver, les sinistrés et les rescapés de ce drame, survenu un an avant les présidentielles de 2004. Les aides humanitaires commencent à affluer, alors que des centaines de camp de toiles, sont implantés pour recevoir et prendre en charge les blessés. Les morts retirés des décombres sont allongés sur l'esplanade de la salle Omnisport, pour êtres identifiés par les familles et les proches. Près de 15 000 chalets provisoires sont alors implantés dans 98 sites, à travers une vingtaine de communes de la wilaya. Ces chalets ont abrité les sinistrés, avant que la grande majorité ne fut relogée dans des habitations en dur. Seules quelques centaines d'entre eux ne le sont pas encore à ce jour. Il s'agit par exemple, des habitants de la cité des 60 logements Oasis, au centre ville de Bordj Menaeil, à l'est de la wilaya, une région fortement secouée par le tremblement de terre, dont l'épicentre était localisé au large de Zemmouri. Ces sinistrés ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ont choisi l'aide de l'Etat pour la reconstruction de leurs maisons. Peu de temps après, ils ont engagé un promoteur, lequel les avaient escroqués et fini en prison. Le projet de réalisation des 60 logements Oasis avance à pas de tortues. Il a été confié à l'Opgi, après avoir été retiré aux promoteurs qui ont failli dans leurs tâches, avant de consommer l'aide octroyée aux sinistrés. Idem pour certains sinistrés du 11 décembre qui n'ont été relogés rapidement, alors qu'ils avaient opté pour l'aide à la reconstruction. Les sinistrés n'ont pas la mémoire courte. Ils se souviennent de tous les détails d'un drame vécu jour et nuit, et qui n'en finit pas de revenir dans les esprits à tout moment. Ismaïl, un chef de famille qui avait perdu ses deux parents, ainsi que des soeurs, n'arrive toujours pas à oublier ce drame, qui l'a endeuillé ainsi que des milliers d'autres, dont des enfants devenus sans familles. Les plaies ne sont pas guéries. Le retard mis dans le relogement des sinistrés accentue les blessures, et ne fait qu'endurer leurs souffrances et les pénalise psychologiquement. En 2008, presque tous les sinistrés étaient relogés dans des habitations dignes de ce nom. Mais les chalets qu'ils occupaient ont été octroyés à d'autres familles dans le cadre social. C'était la bombe à retardement. Une pression sur le logement fut alors provoquée, au moment où l'Etat était sorti à peine du problème des sinistrés. Les nouveaux occupants des chalets commencent à s'impatienter et réclament leur relogement. Ce n'est qu'en 2016 que les premières familles commencent à êtres recasées dans des habitations en dur. Un défi alors fut lancé par les pouvoirs publics, pour démanteler les chalets et construire 12 000 logements promis par Sellal, alors premier ministre. 4000 unités furent réalisées, alors que le reste patauge. 30 opérations de relogement ayant touché près de 11000 familles ont été entamées en deux années. Des efforts considérables sont consentis, justement pour venir à bout des chalets qui défigurent les villes et les sites touristiques, et qui ont freiné quelque part le développement local. Des assiettes foncières sont à récupérer pour implanter de nouveaux programmes d'investissements, et de construire de nouvelles habitations pour faire face au boom de la demande. Les autorités vont devoir trouver des solutions aux familles dans le besoins, mais elles ont créé une pression accrue sur le logement, et ouvert des brèches à un grand trafic de chalets. Du temps de l'ex-Wali, Mohamed Salamani, aucun relogement d'habitants de chalets n'a été effectué, alors qu'il avait promis de poursuivre le programme de son prédécesseur, Madani Fouatih. Six mois plus tard, et en plein mouvement populaire contre le système en place, les manifestations d'habitants de chalets refont surface, alors qu'un nouveau Wali, Yahia Yahiaten, vient d'être installé. Ce dernier a promis d'en finir avec ce dossier chaud. Ce fut alors le relogement de 120 familles à Ait Amrane, et d'autres notamment Zemmouri et Boudouaou, qui sont programmées pour après le mois du carême.