La capitale du Djurdjura a vécu hier, une journée bien mouvementée. Les avocats et les médecins ont marché dans les artères de la ville, pour exprimer leur rejet des prochaines élections présidentielles du 04 juillet, et dénoncer l'entêtement de Gaid Salah à les organiser. D'ailleurs, le chef de l'Etat Major en a eu pour son compte, à l'occasion des ces marches qui réclament, également, «la primauté du civil sur le militaire, dans une Algérie libre et démocratique». Ce sont donc des milliers de médecins et d'avocats qui sont sortis, une énième fois, dans la rue pour demander une nouvelle fois le départ du système actuel et les figures qui l'incarnent, mais aussi, ils appellent au changement radical du système sans aucune condition. Ils ont scandé des slogans hostiles aux messages du chef de l'état-major des armées, Gaïd Salah, qui persiste sur le maintien des élections présidentielles du 04 juillet prochain. «C'est le peuple qui décide de l'avenir de son pays. Halte à la dictature imposée par le militaire. Il faut qu'il y ait la séparation du pouvoir du militaire», lâche un médecin. A souligner que les protestataires ont parcouru l'itinéraire habituel, soit du portail de Hasnaoua jusqu'au Centre-ville. A gorges déployées, ils sont crié haut et fort: «Pouvoir assassin», et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: «Non aux élections présidentielles, oui à la transition politique», ou bien «La volonté du peuple n'a pas d'équivalence». Ils sont aussi revenus sur la série d'arrestations et d'incarcérations dont ont fait objet les hommes d'affaires et les hauts responsables de l'Etat, impliqués dans les affaires de corruption et la spoliation de deniers publics. «Ces arrestations ne sont que des règlements de comptes et rien de plus, alors, cela ne reflète guère les aspirations du peuple, qui demande l'instauration d'une nouvelle Algérie libre et prospère, et le départ de ces figures qui ont emmené l'Algérie vers cette dérive», dira un avocat et membre de l'ordre des avocats de la wilaya. «Ce n'est pas une crise constitutionnelle, mais politique. Alors, il faut trouver des solutions politiques», ont-ils réitéré. Les protestataires ont remis en cause le maintien du pouvoir en place, qui continue à tourner le dos aux doléances du peuple, qui a mené une révolution pacifique exemplaire depuis le 22 février dernier. «Malgré ce maintien, la sagesse du peuple l'emportera», dira un autre avocat. Ils ont affirmé qu'ils ne reculeront jamais, jusqu'à ce que les Algériens aient leur gain de cause. «Ce n'est pas une crise constitutionnelle», assurent-ils. Pour leur part, les étudiants et les travailleurs de la direction de distribution de l'Electricité et du gaz de la wilaya de Tizi-Ouzou ont aussi battu le pavé hier. Ils ont scandé haut et fort «Ulac, ulac smah ulac», et exigé le départ de ce système en place. Une occasion pour cette catégorie professionnelle, de réaffirmer des revendications socioprofessionnelles, notamment la mise en place d'un statut public pour la Sonelgaz, «puisque le pouvoir en place veut la privatisation de cette entreprise publique». Ainsi, ils ont dénoncé les pratiques d'atteintes à la liberté syndicale au sein de cette entreprise. «Nous exigeons la liberté syndicale au sein de notre entreprise, mais aussi, on demande la suppression de l'impôt sur le revenu globale (IRG) sur la paie du travailleur», ont-ils lancé. Pour leur part, et comme chaque mardi, les étudiants de l'Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, n'ont jamais manqué à leur rendez-vous pour investir la rue, et exprimer leur soutien indéfectible au mouvement populaire pacifique. «Nous sommes bien prêts à nous mobiliser en continu, et être aux côtés du peuple jusqu'au départ de ce système mafieux qui a dilapidé les richesses du pays», dira une étudiante en sciences de gestion.