La communauté universitaire de Béjaïa a réinvesti la rue, avant-hier, pour le 10e mardi de manifestation contre le régime en place. En effet, des milliers d'étudiants, auxquels se sont jointes les corporations d'enseignants et de travailleurs (ATS), ont organisé, dans la matinée du mardi 30 avril, une nouvelle marche pacifique qui a démarré du campus universitaire de Targa Ouzemour pour se rendre à la placette de la liberté d'expression Saïd-Mekbel. Soit un itinéraire de quelque quatre kilomètres, durant lequel, les manifestants ont réitéré leurs principales revendications qui ne sont autres que celles de la majorité du peuple algérien depuis l'historique marche du 16 février à Kherrata. "Non à l'instrumentalisation de la justice", "Pour une justice indépendante et équitable", "L'Algérie libre et démocratique vivra", "Ni un royaume ni un régime militaire", "Pouvoir assassin", "Y en a marre de ce pouvoir", "Ulac smah ulac", "Système dégage !"… ont été les principaux slogans scandés par les marcheurs tout au long de leur parcours. Les mêmes slogans ont été également écrits sur des banderoles et des pancartes brandies aux côtés de l'emblème national et du drapeau amazigh.Il faut souligner que les membres de la communauté universitaire de Béjaïa ont été unanimes à rejeter de nouveau la feuille de route des tenants du pouvoir, tout en réclamant le départ de tous les symboles du système, dont l'actuel chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Noureddine Bedoui, ainsi que son gouvernement. "Ni Gaïd Salah ni Bensalah, le système rayeh, rayeh !", lit-on sur une imposante banderole placée en tête de la marche. Le message est on ne peut plus clair. L'université de Sidi Bel-Abbès au rendez-vous Les étudiants des différentes facultés de l'université Djilali-Liabès de Sidi Bel-Abbès, auxquels se sont joints leurs professeurs, ont, encore une fois, réinvesti la rue, mardi dernier, pour exprimer et réitérer pacifiquement leur rejet du système en place, en insistant surtout sur les principaux mots d'ordre appelant au départ des "deux B" restants, à la mise en place en place d'une véritable transition politique et à l'indépendance de la justice et des magistrats. Ce sont là les principaux slogans inscrits sur les banderoles et autres pancartes.En effet, après avoir sillonné les principales artères de la ville, les manifestants, bien organisés au milieu d'un dispositif policier, se sont ensuite rassemblés sur le parvis du tribunal du centre-ville donnant sur la place du 1er-Novembre-1954, où ils ont appelé les magistrats à se libérer et à intervenir en toute indépendance, en s'interrogeant : "Win rahi el-adala ?" (où est la justice ?) et "El-adala bettilifoune" (la justice du téléphone). Les manifestants ont réaffirmé leur détermination à poursuivre la protestation jusqu'à la satisfaction complète de leurs revendications. Dans la foulée, les étudiants, drapés dans l'emblème national et le drapeau amazigh, ont également scandé : "Klitou lebled ya sarrakine", "Nous ne sommes pas à vendre et on ne pourra jamais nous acheter. Laissez-nous construire notre Algérie", "Nous avons compris votre manège et nous ne nous laisserons pas faire", "Watani, watani, ghali tamani", "L'état ne disparaît pas avec la disparition des hommes", "FLN, RND, TAJ, MPA dégagez". Et d'appeler haut et fort à "l'arrestation de Saïd Bouteflika". Avant de se disperser dans le calme, les étudiants ont averti être, plus que jamais, déterminés à poursuivre leur mouvement, et appelé à plus de clairvoyance pour déjouer toutes les tentatives de manœuvres et de manipulations de l'opinion publique visant à semer la division du peuple. Oran promet un Ramadhan du changement Mardi, les étudiants de tous les campus et instituts supérieurs d'Oran ont tenu à montrer, une fois de plus, que leur mobilisation et leur détermination étaient intactes en se donnant même rendez-vous pour le mois de Ramadhan. Marchant de l'université Med-Boudiaf (ex-USTO) vers la wilaya et le centre-ville, des centaines d'étudiantes et d'étudiants ont scandé, à l'adresse des tenants du régime, qu'ils n'entendaient pas renoncer à une "Algérie libre et démocratique". Comme pour la marche populaire de vendredi dernier, les étudiants ont été plus "politiques", en scandant, cette fois, des slogans hostiles au pouvoir et en brandissant des pancartes contre le chef d'état-major. D'autres, avec un humour décapant, demandent la "désinfection de l'Algérie". Cette détermination des étudiants a été récompensée par les marques de sympathie et les encouragements des Oranais qui les ont ovationnés tout au long de leur marche et devant la wilaya où ils ont organisé un sit-in. Assis à même le sol, certains ont promis et pris l'engagement de continuer le combat même durant le Ramadhan. "Ils pensent que nous nous arrêterons pendant le Ramadhan, non Gaïd, les étudiants sortiront le jour et la nuit, jusqu'à l'anéantissement de la bande", nous dira un jeune étudiant applaudi par ses camarades.