L'unique «gage» de la crédibilité de l'opération de lutte contre la corruption engagée par la justice, serait que cette dernière convoque le président de la République déchu, Abdelaziz Bouteflika, pour répondre de ses actes. Pour le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), «Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Etat déchu, doit être entendu sur ses actions et sur l'activité de ses collaborateurs». «A ce stade, c'est l'unique gage de crédibilité, pour que ce qui est présenté comme une opération mains propres ne soit pas dans les faits une chasse aux sorcières», a estimé le RCD dans un communiqué rendu public hier, à l'issue de la réunion de son secrétariat national. Le parti de Mohcine Bellabbas a relevé que «si on veut que la justice et rien que la justice s'exerce, en plus de l'indépendance dont elle doit jouir, y compris vis à vis de l'opinion publique, elle doit déjà commencer à réfuter le caractère sélectif de ces interpellations, en convoquant toute la 3issaba». Et de s'interroger : «Y a-t-il des obstacles pour que la justice convoque l'ex-chef de l'Etat pour l'entendre? Là est la question sur laquelle elle est attendue. Se peut-il que le chef de l'Etat-major, qui a pris la tête de la croisade contre la «bande», ait une réponse ?». La même source a estimé que «les tribunaux sont instruits pour faire défiler devant les juges et les caméras ‘'cachées'' des médias aux ordres, des figures ‘'choisies'' de l'ancien régime». Le RCD a souligné notamment, que «dans un Etat de droit, personne n'aurait été surpris de la comparution des Ouyahia, Sellal, la cohorte de ministres cornaqués par les Bouteflika ou de Kouninef, Tliba et Zoukh devant la justice. Et la liste est longue». Le Secrétariat national du RCD a, en outre, indiqué que «la panique qui s'est emparée des centres de décision en ce 14e vendredi de manifestation, indique que la détermination des populations est la seule voie pour en finir avec un système politique inique». Il indiquera aussi avoir pris acte de «l'offensive du chef d'Etat-major de l'Armée, Ahmed Gaid Salah, pour contourner les revendications du mouvement populaire, et de son obstination à organiser une élection présidentielle sous un nouveau rapport de force clanique». Pour ce parti de l'opposition, «la reprise en mains des médias lourds, après un court intermède de flottement et l'usage de dispositifs répressifs, de plus en plus violents, pour contrer les actions du mouvement populaire, préfiguraient déjà les dernières sorties du porte-parole du pouvoir de fait». Selon le RCD, le chef de l'Armée, «au prix d'un déni de la réalité, continue à vouloir imposer ses vues et ses solutions à coup de menaces et autres anathèmes, contre tous les courants politiques progressistes et les activistes, qui réclament un véritable processus de construction d'un Etat de droit». Pour conclure son communiqué, le RCD «appelle à la mobilisation la plus large pour investir tous les espaces de luttes et de débats, et à la solidarité pour venir à bout des prétentions des tenants de la contre-révolution».