«Le peuple qui a plébiscité sa Constitution est le plus apte à préserver la loi fondamentale de son pays et ses dispositions et à s'y conformer», a-t-il affirmé. Ahmed Gaïd Salah reprend avec les messages de chaque mardi. Hier, à l'occasion du deuxième jour de sa visite dans la 3e Région Militaire à Béchar, le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale, a réitéré son attachement à la voie constitutionnelle de règlement de la crise. Mais pas que ça, puisque Gaïd Salah s'est frontalement attaqué aux opposants à cette solution, comprendre par là que l'opposition réclame une période de transition et une issue en dehors du cadre constitutionnel. «On parle beaucoup de l'importance de trouver une solution consensuelle entre les dispositions de la Constitution et les revendications populaires», a constaté le général de corps d'armée, dans un discours prononcé lors d'une réunion avec les cadres et personnels militaires. Et contrairement à la majorité des acteurs qui plaident que la Constitution est dépassée par les événements et la révolution du 22 février, Gaïd Salah n'y voit aucune contradiction ni écart entre ce à quoi tendent les dispositions de la Constitution dans leurs véritables dimensions et ce à quoi appelle le peuple algérien dans ses marches successives. «Le peuple qui a plébiscité sa Constitution est le plus apte à préserver la loi fondamentale de son pays et ses dispositions et à s'y conformer», a-t-il affirmé, écartant toute solution hors de ce cadre : «Il est impensable de procéder au nom du peuple à la destruction de la réalisation du peuple algérien qui est la loi fondamentale, soit la Constitution». Pour répondre aux partisans de la solution politique à travers une période de transition, le chef d'état-major passe à l'offensive et à la contre-attaque. «Ceux qui prétendent, par ignorance ou arrogance et entêtement, ou animés par des intentions aux objectifs ambigus, oui ambigus, que le pouvoir du peuple est au-dessus de la Constitution et au-dessus de tous – et c'est une vérité utilisée à tort – car ils tentent sciemment d'outrepasser, voire geler, l'application des dispositions de la Constitution, réalisent-ils que cela signifie la suppression de toutes les institutions de l'Etat et s'engouffrer dans un tunnel obscur dénommé le vide constitutionnel ?», s'est-il interrogé. Non sans conclure qu'une telle voie signifie tout simplement «la destruction des fondements de l'Etat national algérien et penser à construire un autre Etat avec d'autres standards, d'autres idées et d'autres projets idéologiques, auxquels seront consacrés des débats sans fin» et de se demander : «est-ce leur objectif ?» «L'Algérie n'est pas un jeu de hasard» Ahmed Gaïd Salah, usant de plus de fermeté envers ses cibles dira que «l'Algérie n'est pas un jeu de hasard entre les mains de n'importe qui, ni une proie facile pour les amateurs d'aventurisme». «Elle est le produit des sacrifices d'une révolution glorieuse, dénommée le 1er Novembre 1954, qui a besoin de tous ses fidèles enfants», a-t-il soutenu, estimant que «la Constitution algérienne est le giron du peuple et son rempart imprenable; elle est le fédérateur des composantes de son identité nationale et des solides constantes qui n'ont nul besoin de quelque forme que ce soit de révision ou de changement». Le chef d'état-major ira même jusqu'à miser sur «le bon sens» du peuple algérien qui, selon lui «saura pertinemment distinguer entre celui dont le cœur est empli de sincérité et celui qui nourrit rancœur et ressentiment envers ce pays». «Il réalisera certainement que celui qui voue rancune et animosité envers l'Armée Nationale Populaire et son Commandement, est indubitablement un ennemi de l'Algérie», dénonce-t-il. Enfin, Gaïd Salah n'omettra pas de revenir, comme lors de son discours de la veille, sur l'ancien régime de Bouteflika, à qui il fait un procès. Il fustigera qu'au moment où «les enfants du peuple, au sein de l'ANP s'acquittaient de leurs missions avec sincérité et dévouement (…) certaines personnes dénuées de conscience et de scrupules planifiaient avec ruse la manière d'usurper les deniers publics, soit l'argent du peuple algérien».