Les choses s'accélèrent sur la scène politique, et le consensus se précise davantage autour du dialogue pour mettre fin à la crise. Hier, le président du parti El Adala, Abdellah Djaballah, et non moins chef de fil de la coalition des «Forces du changement pour le triomphe du choix du peuple», a soutenu que le règlement de la crise en Algérie passe par un dialogue avec l'armée, sinon une personnalité crédible. «La crise que vit le pays ne peut être réglée que par un dialogue souverain, sérieux et responsable avec l'institution militaire ou celui qui est désigné parmi les civils jouissant de la légitimité populaire», a écrit Djaballah sur sa page facebook, précisant que la négociation doit tourner autour «des moyens à même d'appliquer l'article 7 de la Constitution». Car, a-t-il estimé, son application «concrétisera les revendications du peuple et lui permettra de retrouver son pouvoir et sa souveraineté à tracer son avenir». Après les marches du 18e vendredi de la révolution du 22 février, l'appel de Djaballah, ne peut-être qu'un autre message à l'armée pour jouer un rôle de premier plan dans le règlement de la crise. Mais, en adoptant l'approche politique et non pas la voie constitutionnelle à travers l'organisation de l'élection présidentielle. Est-ce le début des tractations autour d'un règlement de la crise ? Surtout qu'Ahmed Gaïd Salah, avant son dernier discours, a insisté sur le dialogue. Dans les coulisses politiques, on parle en tout cas de contacts informels entre une personnalité nationale qui bénéficie d'une crédibilité incontestable sur la scène et de nombreux partis et personnalités afin de rapprocher les visions, trouver des points de convergences et s'entendre sur les concessions. Et dans cette démarche, la perspective d'aller vers un gouvernement d'union nationale dirigé par une personnalité jouissant d'une légitimité populaire, peut trouver son chemin à la concrétisation. Ce qui signifie une fin de mission au gouvernement de Noureddine Bedoui, très contesté par le Hirak. A cela viennent s'ajouter les conférences que l'opposition avec ses deux pôles s'apprête à organiser. La Conférence de concertation et de dialogue prévue pour ce 26 juin, à l'appel des partis démocrates (FFS, RCD, MDS, PT, PST, UCP, PLD en plus de la LADDH), et celle des «Forces de changement» prévue provisoirement pour le 29 du même mois. Autant d'éléments qui prouvent l'accélération des événements des deux cotés, c'est-à-dire le pouvoir et l'opposition. Cette dernière, est, cependant appelée à unir ses initiatives à celle de la société civile dévoilée lors de la conférence du 15 juin, pour dissiper les malentendus et écarter les idées qui peuvent constituer un obstacle. Reste à savoir comment le pouvoir réel et l'opposition arriveraient à se mettre autour de la table. A cet effet, Djilali Soufiane pense qu'«il vaut mieux avoir affaire au bon dieu qu'à ses saints». Partant du point de vue que l'état-major de l'armée n'est pas disposé à l'idée de dialoguer directement en personne, le président de Jil Jadid pense qu'il y a matière à impliquer par exemple «une commission mixte composée de militaires et de civils». C'est dire que même le coté pratique du règlement de la crise commence à se faire un chemin, bien que ce soit à travers des messages codés d'un coté comme de l'autre. En attendant donc, que les tractations aboutissent et les efforts de la classe politique concluent à un consensus national des plus larges, le peuple continue à travers ses marches pacifiques hebdomadaires et autres actions, à exercer sa pression et à être aux aguets, contre toute déviation ou vole qui pourraient attenter à sa révolution.