Au-delà de la prouesse, il y a lieu de relever quelques messages qui se déclinent désormais comme de véritables défis pour l'opposition. L'opposition algérienne, dans ses diverses tendances, a, sans aucun doute, réussi, hier, un pari que d'aucuns n'ont pas manqué de qualifier, à juste titre, d'historique. Qui aurait parié, en effet, qu'un jour des partis que tout divisait, jusque-là, qui s'échangeaient encore des amabilités il n'y a pas si longtemps, et des personnalités qui ne s'appréciaient pas, ainsi que des dissidents de leurs chapelles respectives, se retrouvent autour d'une table pour discuter des solutions à apporter à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays. Le défi est immense et le pari a été réussi. Mais au-delà de cette prouesse emblématique d'une maturité et d'une prise de conscience chez l'opposition, comme l'ont relevé nombre de participants, et le constat unanime sur la nature de la crise, il y a lieu de relever quelques messages qui se déclinent comme de véritables défis pour l'opposition. Il y a d'abord, cet appel lancé par certaines figures à l'ANP, appelée, selon elles, à jouer un rôle pour une transition pacifique. C'est le cas par exemple de Mouloud Hamrouche. "L'ANP doit rester la colonne de l'Etat, mais pas du gouvernement. Nous tous ici, en raison de la situation actuelle, sommes incapables de former un gouvernement. Aujourd'hui, l'impasse est totale. On cherche une nouvelle entente nationale. On a besoin de cette entente avec la participation de l'ANP et de toutes les sensibilités. On doit débattre de ce qui est attendu. Je n'essaye pas d'imposer cette idée. L'ANP a un rôle à jouer dans l'opération pour définir les mécanismes de son retrait. Il faut arriver à un consensus après l'entente", a-t-il dit. Une invitation qui laisse sceptique Abdallah Djaballah avant de se raviser : "On espère que l'ANP prendra cette initiative (conférence, ndlr) positivement". De son côté, l'avocat Mokrane Aït Larbi a préconisé d'"impliquer l'ANP dans un changement pacifique vers la démocratie". "Chaque époque a ses hommes, et il est de notre devoir d'instaurer une transition pacifique vers la démocratie, les libertés et les droits afin d'éviter une dérive de la jeunesse vers la rue", a-t-il ajouté. Ensuite, il y a le défi de la mobilisation de la population autour du projet proposé par l'opposition. "Désormais, le défi est comment convaincre le peuple pour le faire adhérer à notre démarche. C'est lui qui va changer les rapports de force", estime Sofiane Sakhri, représentant de Djil Djadid. "Cette conférence fait honneur au pays. La transition doit aller dans toutes les wilayas du pays. La transition, c'est la souveraineté du peuple qui doit désigner ses représentants dans toutes les institutions", lance, pour sa part, le plus vieux des participants et le plus applaudi, Me Ali Yahia Abdenour. Enfin, il y a cet appel en direction du pouvoir pour engager un véritable dialogue avec l'opposition. "Notre objectif est de lancer un message au pouvoir, que seul le consensus peut constituer une solution politique", a déclaré Ahmed Benbitour. "Mais quelle sera la réaction du pouvoir ? Va-t-il tirer les leçons, ouvrir un dialogue transparent ou va-t-il faire comme en 1995 ?", s'interroge, de son côté, Djaballah. "On a toujours appelé au dialogue depuis 1992. Notre présence s'inscrit dans le prolongement de notre appel à la reconstruction d'un consensus avec les efforts de tous, le pouvoir et l'opposition. Le régime a échoué. Il est condamné à changer", affirme, pour sa part, Ahmed Bettatache. En tout cas, après ce premier test, l'opposition a décidé d'élargir la coordination, comme l'a indiqué Mohcine Bellabas du RCD, et d'autres conférences sont prévues dans les prochains mois. Le bras de fer avec le pouvoir ne fait que commencer. K K Nom Adresse email