La gestion des activités artistiques, notamment l'organisation des concerts de musique, le théâtre et le cinéma continue de souffrir car le privé est marginalisé. Il est temps de lui donner la place qu'il lui faut. On n'a jamais cessé de se plaindre de la gestion des activités artistiques, notamment l'organisation des représentations théâtrales, les concerts de musique, la gestion des salles de cinéma et la distribution des films. du théâtre et du cinéma. Même si les institutions étatiques peuvent intervenir pour l'organisation des grandes manifestations telles que les festivals internationaux, on doit laisser les agences privées jouer leur rôle. Il est étonnant qu'à ce jour, il n'existe aucune salle privée en Algérie spécialisée dans le théâtre. Il faut reconnaître aujourd'hui que la nationalisation du théâtre au lendemain de l'indépendance a été une erreur. Pour rappel, le théâtre a été la première institution algérienne à avoir été nationalisée après le départ des colonisateurs français le 5 juillet 1962. C'est vrai que la première décade après l'indépendance a été la meilleure pour l'histoire du théâtre algérien, mais il fallait s'attendre tôt ou tard à une chute car l'entreprise étatique ne peut pas continuer à jouer seule le rôle de producteur artistique. Il y a quelques mois, il y a eu l'ouverture d'un théâtre à Alger (ex-Casino), mais le nombre de représentations qui y sont programmées reste très limité. Il n'est pas normal que la capitale ne compte que deux salles de théâtre (La salle Bachtarzi et l'ex-Casino). Des théâtres régionaux inactifs Tout le monde a remarqué une certaine relance au niveau de la salle Mahieddine Bachtarzi (TNA) ces deux dernières années, mais oublie que de nombreux théâtres régionaux sont pratiquement fermés toute l'année ou attendent un quelconque festival pour y participer. Cela prouve que le théâtre en Algérie n'est pas près de à se relever si l'on ne trouve pas la solution radicale. On se demande par ailleurs pourquoi les salles de l'Opéra d'Alger n'accueillent pas des représentations théâtrales. Pour régler le problème du manque d'activités théâtrales, il est plus que jamais nécessaire de faire appel à des privés qui ont les moyens des financer des troupes et même de construire des salles s'ils sont encouragés. C'est le même constat pour le cinéma. On parle de la sortie de films financés à grands budgets par l'Etat et on oublie qu'un bon film produit une fois par an ou qui gagnerait un prix dans un festival international ne veut pas dire que notre cinéma va bien. Malgré tous les appels, toutes les critiques et toutes les promesses des ministres des dernières décennies, on n'arrive pas encore à rouvrir les anciennes salles de cinéma mis à part quelques-unes. Invité lors d'une émission télévisée, le critique et spécialiste du cinéma Ahmed Bedjaoui est revenu à la source du problème du cinéma algérien et de la possibilité de sa relance. Mauvais départ Comme pour le théâtre, Bedjaoui a déclaré que pour le cinéma, on a fait un mauvais départ avec la nationalisation des salles au début des années 1960. Le réalisateur qui est également économiste a touché le fond du problème. Au moment où il y avait des gens qui importaient des films, les distribuaient et géraient les salles, tout allait bien. Bedjaoui a bien fait de dire que le président Houari Boumediene s'était trompé en nationalisant ces salles. En effet, il faut savoir que la production des films, la distribution et la gestion des salles doivent être laissées au privé. Le rôle de l'Etat est la régulation, c'est-à-dire le contrôle ( impôts, hygiène, sécurité des salles, censure etc…). La même règle devrait être appliquée au théâtre et à la musique. Même pour la réouverture des anciennes salles, Bedjaoui a déclaré qu'il vaut mieux se mettre à jour et construire des duplex en dehors du centre-ville. Le spécialiste a bien raison puisque cela permettra aux amateurs de cinéma de choisir le film à voir et éviter les problèmes de stationnement, mais il serait toujours possible de garder quelques anciennes salles, notamment dans les villes de l'intérieur du pays. Pour ce qui est du financement de la construction de ces duplex ou des productions cinématographiques, il faut signaler qu'il y a des industriels dont des cinéastes qui ont les moyens et sont prêts à investir dans ce créneau pourvu qu'on leur ôte les problèmes de bureaucratie. Comme dans les autres pays, l'Etat pourrait toutefois participer au financement d'un film d'importance historique ou qui aurait de grandes chances dans des festivals tels que ceux de Cannes ou Venise. Comme pour le cinéma, pour la vraie relance du théâtre, on devrait compter sur le privé. Si en 1962, le théâtre a été la première institution à avoir été nationalisée, il est temps de reconnaître que c'était une erreur. A l'époque, il y avait des dizaines de troupes qui étaient prêtes à produire et organiser elles-mêmes des tournées. La preuve avait été donnée par la suite, lorsque Hassan Hassi, en compagnie des quelques artistes tels que Tayeb Abou El Hassan, Kaci Ksentini, Stambouli et Amar Ouhadda avait créé la Troupe Théâtrale Populaire (TTP). Cette troupe qui avait fait des tournées dans les villages les plus reculés du pays avait même concurrencé le TNA malgré l'absence de moyens. Perte de temps La pratique des arts plastiques paraît être mieux gérée mais on peut faire nettement mieux si on ouvrait la voie au privé. On se demande d'ailleurs pourquoi l'Etat n'encouragerait pas les initiatives du privé. On se souvient lorsque l'industriel Slim Othmani avait envie de créer une galerie d'art. Il avait été découragé par les représentants du ministère de la culture de l'époque qui avaient exigé un diplôme de l'école des Beaux arts. C'était une façon de refuser le projet car l'industriel aurait montré qu'il pouvait créer une galerie comme celles qu'on trouve en Europe, ce qui aurait montré les failles des institutions culturelles étatiques. Pour une vraie relance des activités culturelles et artistiques, il est temps d'encourager le privé et lui ouvrir les portes. Des théâtres, cinémas, galerie d'art et des musées privés, c'est possible et ce sera un nouveau départ sur de bonnes bases. On perd du temps, le privé ne doit plus être marginalisé.