Le magazine américain "The Nation" a publié dimanche un reportage sur la question sahraouie, dans lequel il a mis en exergue les conditions de vie pénibles des réfugiés, les actes de "torture" et de "maltraitance", infligés aux Sahraouis par les autorités marocaines dans les territoires occupés, et leur désir d'indépendance. Le reportage intitulé "Lettre du Sahara occidental, une terre sous occupation" (Letter from Western Sahara, a land under occupation), est signé par Sharif Abdel Kouddous, un journaliste indépendant établi au Caire (Egypte). L'auteur du reportage a mis en avant les conditions de vie des Sahraouis, leur aspiration à un "avenir meilleur", ou encore leur combat quotidien pour la survie et leur déception face à l'incapacité des Nations unies à trouver une solution à ce conflit qui dure depuis 1975. Tchlaz Bchere, une activiste sahraouie, lit-on dans la version électronique du magazine, a confié n'avoir mis les pieds dans sa terre natale, aujourd'hui sous occupation marocaine, qu'une fois, en trente ans, et qu'elle "s'accroche à la promesse d'une patrie indépendante, libre de tout contrôle marocain". L'auteur a rappelé, dans son reportage, que le Sahara occidental "est la dernière colonie sur le continent africain, dont le conflit est le plus long au monde mais qui reste le plus invisible". "Les camps de réfugiés ne nous appartiennent pas, nous ne sommes que des invités, et pourtant, nous nous sentons plus libres ici", a confié la jeune activiste Bchere, dont la seule et première visite au Sahara occidental occupé a été effectuée en 2007 dans le cadre du programme onusien d'échange de famille. "J'ai pleuré quand je suis arrivée là-bas. Je ne connaissais pas ma terre natale, mais juste ce que mes parents me disaient d'elle. Mais ce que j'ai constaté réside dans le fait que les Sahraouis soient tous affectés par l'occupation", a-t-elle déclaré au journaliste. L'auteur a ensuite rappelé la brutalité avec laquelle ont été traités les Sahraouis sur leur terre quand le Maroc avait occupé le Sahara occidental au milieu des années 1970. "L'armée marocaine a mené des attaques brutales contre les civils, en recourant à des bombardements, au mitraillage et à l'utilisation de napalm contre la population sahraouie qui tentait de fuir les combats". "Cette violence a incité près de la moitié de la population sahraouie à fuir à pied et se réfugier en l'Algérie, où il leur a été permis de s'installer près de la ville de Tindouf", a-t-il encore souligné. Il a également mis en avant, dans ce reportage, une chronologie des événements au Sahara occidental, allant du déclenchement de la guerre à l'accord de cessez-le-feu intervenu en 1991, avec la promesse d'organiser un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'Onu ainsi que le retour des Sahraouis réfugiés dans leur terre. "Vingt-deux ans plus tard, le référendum n'a encore pas eu lieu", faisant dire à Bchere que "la guerre ne s'est pas arrêtée en 1991" et qu"'elle se poursuit, peut-être pas avec les armes, mais avec nos propres moyens". "L'occupant ne peut pas occulter nos droits", a-t-elle ajouté. L'auteur du reportage a mis en exergue ensuite le rôle joué par la femme sahraouie dans la construction des différentes infrastructures (écoles, cliniques et centres sociaux) à l'intérieur des camps de réfugiés. Il a notamment insisté sur le fait qu'"en dépit de la forte dépendance des camps de réfugiés de l'aide internationale (...), ils sont entièrement autogérés, contrairement aux autres camps de réfugiés de par le monde". Pour sa part, le ministre sahraoui des territoires occupés, Mohamed Louali Akik, a expliqué dans ce reportage que "les Sahraouis, bien qu'en exil, ont construit un Etat avec des institutions", affirmant, dans le même cadre, que les autorités sahraouies font tout pour lutter contre la pauvreté, l'analphabétisme et l'ignorance. Plusieurs autres intervenants se sont également exprimés dans ce reportage, à l'instar de Maria Carrion, responsable en charge de "FiSahara", le Festival international du cinéma au Sahara occidental, ou encore le président de la République arabe sahraouie démocratique, Mohamed Abdelaziz.