Considéré comme le projet du siècle, le grand transfert hydraulique de la nappe albienne d'In Salah vers Tamanrasset constitue, indéniablement, un des acquis d'envergure dont a pu bénéficier cette vaste région du pays. Jeudi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est enquis, à Tamanrasset, de l'état d'avancement du projet de rénovation du réseau d'approvisionnement en eau potable (AEP) de la ville, devant permettre l'alimentation ininterrompue (H24) en eau potable de plus de 90.000 habitants grâce à ce grand transfert d'eau. Le projet avait déjà été qualifié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en mars 2011 à la veille de la célébration de la journée mondiale de l'eau, de "défi technologique" pour lequel l'Algérie a hissé l'AEP au ''rang de priorité nationale''. Ce méga projet qui a nécéssité la mobilisation d'une enveloppe budgétaire de 197 milliards de dinars, est devenu réalité en mars 2011 après avoir été inauguré par M. Sellal lui-même alors ministre des Ressources en eau. D'un impact économique et social certain sur la région, ce transfert consiste à approvisionner la ville de Tamanrasset à partir d'In Saleh en eau potable sur une distance de plus de 700 km. Avec un potentiel de plus de 45.000 milliards de mètres cubes (m3), la nappe d'In Salah peut largement couvrir les besoins en eau potable de toute la région et ce pour les cinq à six siècles prochains à raison d'une consommation annuelle de cinq milliards de m3, prévoient les experts. Une capacité colossale alors que les besoins actuels des 337.400 habitants de la ville de Tamanrasset et ses environs ne dépassent pas les 25.000 m3/jour pour une capacité initiale de 50.000 m3/jour appelée à doubler à l'horizon 2030, selon les données techniques du projet. Sur un plan pratique, les ressources en eau nécessaires à la satisfaction de ces besoins sont mobilisées au niveau de deux champs de captage situés à 70 km au nord de la ville d'In Saleh. Un troisième champ sera délimité pour une éventuelle mobilisation complémentaire. Outre ces champs captant, le transfert In Saleh-Tamanrasset est également composé d'un réservoir terminal d'une capacité de 50.000 m3 destiné à stocker les eaux mobilisées à partir des forages des champs captant. De même, six stations de pompage ont été mises en place le long du tracé des conduites, alors qu'une station de déminéralisation d'une capacité de 100.000 m3 par jour a été réalisée pour réduire le taux de salinité des eaux. Un ouvrage dont l'ampleur concurrence les conditions d'exécution La réalisation de cette infrastructure a été confiée à deux groupements d'entreprises à savoir CGC-SIPSC (Chine) et Cosider-Zakhem-Erciyas (Algérie, Liban, Turquie) et dont l'exploitation et la gestion du transfert sont assurées par une entreprise sous forme d'Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Ce projet a pu être livré dans le délai contractuel grâce au rythme de travaux très soutenu malgré les conditions climatiques, notamment une température très élevée. De par son importance économique et stratégique, l'ouvrage n'est pas sans impact positif certain sur toute cette région désertique et très peu développée où l'activité est limitée et l'emploi rare, selon les spécialistes. Par ailleurs, une dizaine d'agglomérations de quelque 10.000 habitants chacune, devraient être créées au cours du prochain quinquennat tout au long du tracé du transfert. Le ''noyau dur'' de ces agglomérations sera constitué des logements de fonction programmés pour les travailleurs chargés de la gestion et de l'exploitation des stations de pompage faisant partie de ce projet. Ces regroupements urbains seront dotés de services publics "indispensables" comme les stations service, les bureaux de poste, les centres sanitaires et les infrastructures scolaires. Il prévoit également de développer les localités et villages situés tout le long du tracé du projet sur une distance de plus de 750 km, à l'instar d'In Amguel, Tit, Outoul et Arak. Le coup de lancement des travaux de ce projet avait été donné en 2008 par le président de la République. Il répond à l'impérieuse nécessité de sécuriser nos frontières du grand Sud et par le souci d'une justice dans la répartition de nos ressources en eau entre les différentes régions du vaste territoire national.