A quelques jours seulement du Mawlid Ennabaoui, il n'est pas un endroit à Blida où l'on n'entende pas les explosions assourdissantes de milliers de pétards de tous calibres, à toute heure de la journée ou de la nuit. Ces pétards qui refont surface chaque année en pareille période sont vendus partout : dans les marchés, sur les trottoirs des rues et ruelles, à l'entrée des immeubles et surtout devant les écoles et autres établissements scolaires. Les prix de ces engins varient selon leur volume, entre 10 et 500 DA l'unité et parfois au-delà de 1000 DA pour les feux d'artifice. Il y a aussi des fusées de différents types que vous entendez siffler avant d'éclater avec grand fracas. La nouvelle habitude prise par les uns et les autres depuis quelques années, c'est de mettre ensemble quelque vingt pétards et les allumer pour mimer le bruit d'une rafale de mitraillette. Ainsi, chaque année, des millions de dinars sont dépensés par des enfants dont les parents ont toutes les peines du monde à joindre les deux bouts, mais qui font quand même ce sacrifice «pour faire plaisir aux enfants», se justifient les grandes personnes. Seulement, et outre ces dépenses assez importantes pour les bourses moyennes, les pétards causent beaucoup d'accidents ainsi qu'une gêne considérable au paisible citoyen. Rares sont ceux qui se retiennent d'en faire éclater un, surtout la nuit, car plus il est bruyant, plus il fait sursauter. Et c'est le but du jeu. Des accidents par centaines Ces écervelés — il n'y a pas d'autre mot pour les décrire — ne se doutent pas qu'ils peuvent causer beaucoup de mal aux malades, aux personnes âgées et aux bébés qu'ils empêchent de se reposer. Pourtant, la gêne acoustique devient presque banale devant tous les dangers représentés par ces véritables petites bombes avec lesquelles de petits enfants inconscients jouent. Ce que certains qualifient d'espièglerie peut devenir un véritable crime, et la plupart des parents ne semblent pas s'en rendre compte. Chaque année, des centaines de personnes de tous les âges sont gravement blessées. De plus, chaque année, des incendies d'appartements, de voitures ou de magasins sont déclarés à cause d'un pétard lancé par mégarde sur un produit inflammable. Ce sont des dizaines d'incendies de ce genre qui ont mis sur la paille des commerçants ou laissé de pauvres pères de famille sans maison ni ameublement. Pourtant, la législation algérienne interdit l'importation de ce genre de produits. Mais la loi n'empêche pas le marché d'en être inondé à cause de trafiquants sans scrupules. Les différents services de sécurité opèrent chaque année d'importantes saisies de pétards, mais, selon toute vraisemblance, les trafiquants réussissent à introduire d'énormes quantités par divers moyens frauduleux. Le simple citoyen est plutôt sceptique quant à l'éradication de ce marché puisque, de visu, il constate que ce sont de véritables marchés de gros qui sont érigés un peu partout dans les grandes villes du pays. Aussi, allons-nous vivre, un mois durant, au rythme des explosions de pétards que des jeunes et moins jeunes nous jetteront parfois au visage ou sur la tête. L'apothéose, ce sera la veille du Mawlid qui verra éclater des millions de pétards, de fusées, de feux d'artifice et ce toute la nuit. Ce soir-là, il faudra éviter à tout prix de sortir. Un accident est vite arrivé.