Zlatan Ibrahimovic a beau rappeler que le foot est un sport collectif, son duel avec Cristiano Ronaldo s'annonce aussi exaltant que l'enjeu de la double confrontation qui s'ouvre vendredi à Lisbonne entre la Suède et le Portugal, en barrage du Mondial-2014. Capitaines et stars incontestées de leur équipe nationale, les deux hommes affichent actuellement une forme époustouflante avec leur club, laissant entrevoir un véritable combat de chefs à l'Estadio da Luz à l'aller, puis à la Friends Arena de Stockholm au retour mardi. Ronaldo pour le Real Madrid et Ibrahimovic pour le Paris Saint-Germain viennent tous les deux de signer un triplé lors de leur dernier match de championnat. Meilleur buteur de la Liga espagnole, l'ailier portugais vient aussi d'égaler le record de buts inscrits en phase de groupes de la Ligue des champions avec sa huitième réalisation, après quatre journées seulement. Le Ballon d'or 2008 est toutefois suivi de près dans ce classement par Ibrahimovic et ses sept buts, dont un quadruplé face à Anderlecht. Les parallèles s'étendent à leur parcours hors norme en sélection. A 28 ans, "CR7" est à quatre buts du record de Pedro Pauleta et ses 47 réalisations pour le Portugal. "Ibra", 32 ans, n'est lui qu'à trois longueurs de la marque des 49 buts établie par Sven Rydell au début des années 1930. Les deux hommes sont également des postulants crédibles au Ballon d'Or et si le Portugais est sans doute un peu mieux placé dans cette course, l'attaquant du PSG collectionne lui aussi les récompenses, dont un huitième titre de meilleur footballeur suédois de l'année, ou les nominations, comme celle de la Fifa au plus beau but de l'année. "Je n'ai jamais joué aussi bien", a-t-il avoué, tout en mettant la pression sur Ronaldo et compagnie. Le Portugal favori, la Suède invaincue "Le Portugal est probablement favori en raison de son équipe et de ses individualités, mais nous avons fini deuxièmes de notre groupe derrière l'Allemagne et nous méritons davantage qu'eux d'aller au Brésil", a-t-il dit. Les Portugais ont pour leur part été devancés par la Russie à l'issue d'une campagne qualificative médiocre qui les oblige à passer encore une fois par la case barrages, comme cela avait été le cas pour l'Euro-2012 et le Mondial-2010. Ils avaient alors surmonté l'épreuve sans trop de difficulté, en éliminant la Bosnie à deux reprises, mais la Suède d'Ibrahimovic pose un tout autre défi à cette Selecçao, qui n'a jamais battu les Scandinaves en sol portugais (quatre défaites et trois nuls) et ne compte que trois victoires sur 15 rencontres au total depuis 1955. Adulés par leurs supporteurs et extrêmement respectés au sein de leurs vestiaires respectifs, Ronaldo et Ibrahimovic sont des meneurs d'hommes sur le terrain comme en dehors, et apportent à leurs équipes un caractère et un talent pur qui leur feraient certainement défaut. Côté portugais, Nani, Moutinho, Pepe et Coentrao offrent tout de même une qualité collective donnant à la Selecçao un léger avantage, mais qui risque d'être uniquement théorique puisque les hommes de Paulo Bento se sont illustrés surtout par leur inconstance ces derniers mois. En face aussi, la génération des Isaksson, Källstrom et Svensson pourrait difficilement trouver une belle place dans l'histoire du football suédois sans le génie de leur avant-centre. Un brin énervé contre les médias, Ibrahimovic les a appelés à ne pas se focaliser seulement sur lui et Ronaldo. "C'est la Suède contre le Portugal, c'est le collectif qui est important", a-t-il dit. Une chose est sûre, la Coupe du monde 2014 se jouera sans un des deux attaquants européens les plus séduisants de l'époque.