Véritable icône dans l'histoire des prises d'otages, à la limite du «people», Ingrid Betancourt, Franco-Colombienne séquestrée par les Farc pendant cinq ans et libérée en juillet dernier, a été partout accueillie en héroïne. En France, le président Sarkozy a voulu faire d'elle un symbole et l'a un tantinet exploité pour sa propre image. Mais apparemment, l'ancienne candidate aux élections présidentielles colombiennes a une face cachée que ses admirateurs ne connaissent pas. Après Clara Rojas, son ancienne collaboratrice qui lui reproche sa méchanceté après que Madame Betancourt l'eut traitée de «mauvaise mère», voilà que trois Américains qui étaient ses anciens compagnons de captivité publient un livre dans lequel ils ne l'ont pas ménagée. L'un d'entre eux, Keith Kessel, 44 ans, trace un portrait au vitriol de cette femme dont il dit qu'elle est égoïste, arrogante, manipulatrice, et complètement obsédée par sa propre personne. Il va jusqu'à dire qu'elle volait la nourriture des autres prisonniers, monopolisait les quelques livres et l'unique transistor disponibles. Selon lui, elle se comportait en chef, donnait des ordres et décidait jusqu'à l'heure des toilettes. Pire, elle aurait mis la vie des Américains en danger en les accusant d'être des agents de la CIA. «Etre otage en même temps qu'elle, c'est vraiment difficile», a conclu Stansell. Le seul des trois à l'avoir défendue est Marc Gonzales avec qui elle aurait eu une relation amoureuse. Il l'a décrite comme une femme courageuse qui ne s'est jamais plainte et a donné du fil à retordre à ses ravisseurs. On spécule déjà sur la jalousie amoureuse qui serait derrière la différence dans l'appréciation de cette femme dont on a peut-être pas tout dit.