Grand coup «médiatique» de l'armée colombienne qui vient de réussir une action d'envergure en libérant 15 otages des Farc, dont la Franco-Colombienne. La désormais ex-otage, la Franco-Colombienne, Ingrid Betancourt est arrivée hier, en milieu d'après-midi à Paris où elle a été accueillie au bas de la passerelle par le président français, Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse, Carla Bruni. Après six ans et quatre mois de détention par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) l'ex-candidate à la présidence de la Colombie, Ingrid Betancourt a été libérée dans la soirée de mercredi par les forces armées colombiennes. Celles-ci, selon les informations données par des milieux proches de l'armée et de la présidence colombiennes, ont infiltré les Farc en réussissant à introduire dans leurs rangs un officier qui est parvenu à «retourner» certains membres des guérilleros. L'opération héliportée de l'armée colombienne, digne d'un film d'action, estiment les experts, a permis de libérer 15 otages détenus par les Farc dont Ingrid Betancourt et montré le haut niveau des forces spéciales et des services de renseignements dans ce pays. «C'est une superbe opération, chapeau!», résume une source proche des services de renseignements français, soulignant que l'opération menée dans la province de Guaviare (sud-est), a dû demander «beaucoup de temps». «Retourner des gens ou infiltrer des agents, puis les faire accepter dans le premier cercle des Farc, qui sont très suspicieux, n'a pas dû être une chose facile», souligne cette source qui ajoute que cette opération montre, par ailleurs, que les Farc sont «très affaiblis». C'est ainsi que l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, les trois otages américains et onze militaires colombiens ont pu être libérés par l'armée colombienne, selon les déclarations du ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos. Les otages, dont Ingrid Betancourt et les Américains Marc Gonsalves, Thomas Howes et Keith Stansell, ont été libérés lors d'une opération héliportée de l'armée, a indiqué le ministre au cours d'une conférence de presse. Onze militaires colombiens, principalement des officiers, ont également pu retrouver la liberté lors de cette opération. Mme Betancourt, qui a retrouvé jeudi sa famille, est arrivée hier à Paris à bord de l'avion présidentiel français dépêché par l'Elysée. Ingrid Betancourt, qui a déjà, dès mercredi soir, remercié «la douce France» pour tout ce qu'elle a fait pour elle, a réitéré, hier, à sa descente d'avion, ses remerciements, indiquant: «Je dois ma vie à la France», dans une déclaration à des journalistes. Maintenant qu'Ingrid Betancourt est saine et sauve parmi les siens, que la surprise de l'action spectaculaire se soit un peu estompée, des questionnements surgissent. Nombre d'analystes sont revenus sur l'opération dont la complexité n'avait d'égale que sa réussite totale. La libération, outre d'avoir été un grand coup médiatique, est-elle le fait d'une exceptionnelle maîtrise des services spéciaux colombiens, ou faut-il y voir autre chose? Or, les médias israéliens affirmaient hier que «deux conseillers israéliens ont participé aux préparatifs de la libération par l'armée colombienne des 15 otages détenus par les Farc dont Ingrid Betancourt», rapportait notamment la radio militaire israélienne. Si la radio israélienne ne donne aucune indication précise, le journal Haaretz révèle pour sa part que deux officiers supérieurs depuis peu à la retraite, les généraux à la réserve Israël Ziv et Yossi Kuperwasser, dirigent à Bogota une société de conseil en sécurité, employant des dizaines d'anciens membres d'unités d'élite ou des services secrets israéliens. Alors, des agents du Mossad, fussent-ils à la retraite, ont-ils donné un «coup de main» à l'armée colombienne? Cela, d'autant plus que les services spéciaux israéliens ont l'habitude de ce genre d'opérations. D'autres révélations ont perturbé quelque peu l'ordonnance policée d'une libération «menée dans les règles de l'art?». Cette fois-ci, c'est la radio publique suisse, SRS, qui affirme que les otages ont été libérés contre versement d'une rançon. «Les 15 otages ont, en réalité, été achetés au prix fort, après quoi toute l'opération a été mise en scène», a rapporté la radio publique dans son journal de la mi-journée d'hier, citant «une source proche des événements, fiable et éprouvée à maintes reprises ces dernières années». Quelque 20 millions de dollars ont été versés aux ravisseurs, a assuré la RSR. Paris a démenti hier que la France ait versé une quelconque rançon. «La réponse est très simple: non», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier, interrogé pour savoir si Paris avait versé de l'argent à la guérilla colombienne. La radio suisse SRS a ajouté que les Etats-Unis, dont trois agents ont été libérés mercredi, étaient «à l'origine de la transaction». De fait, les trois agents de la CIA, ex-prisonniers des Farc, ont immédiatement quitté la Colombie - dès mercredi soir, dans un avion militaire américain qui les attendait près des lieux de leur libération- et n'ont pas rejoint Bogota comme les autres ex-otages. Alors, affaire à suivre? Un coup de maître ou une vulgaire arnaque?