Le président Abdelaziz Bouteflika a félicité le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, pour le 33e anniversaire de la création de la République arabe sahraouie. Plus important encore, il lui a réaffirmé le soutien indéfectible de l'Algérie à la cause du peuple sahraoui et sa «confiance en la nomination de Christopher Ross en qualité de nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies qui favorisera des progrès dans la recherche d'une solution au problème du Sahara occidental qui intègre le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Le leader du Front Polisario qui vient de recevoir un message similaire du président du Mexique, entre autres, a toutes les raisons de renouer avec l'espoir d'une solution pour son peuple, contrariée depuis 34 ans, pour des raisons que tout le monde connaît. Christopher Ross est allé droit au but : il ne fera pas l'impasse sur le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, remettant les pendules à l'heure. On n'a pas eu souvent, pour ne pas dire jamais, l'occasion d'entendre l'ex-représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, le diplomate hollandais Peter van Walsum, évoquer, même du bout des lèvres, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Ni à Alger, ni à Tindouf, ni à Rabat, ni à Nouakchott, ni à Madrid, ni à New York. Le conflit du Sahara occidental qui pouvait évoluer rapidement sur la base du Plan Baker vers le dénouement heureux que la communauté internationale appelait de ses vœux depuis l'occupation militaire de l'ancienne colonie espagnole par le Maroc, en 1975, a reculé avec M. Peter van Walsum de quelques années. Quelques années de trop, de souffrances pour les Sahraouis et de menace pour la paix dans la région. Le plan de James Baker a été «bloqué», on le sait et c'est un secret de Polichinelle, par Moratinos, le ministre espagnol des Affaires étrangères qui a inspiré le «Plan d'autonomie marocain». Dès lors, l'échec d'une solution au Sahara occidental était garanti. Christopher Ross, lui, a donc tenu à évoquer d'emblée ce principe de base de la solution de ce problème de décolonisation, très clairement et sans détours, comme pour dire qu'il ne fera pas dans la magouille politicienne de son prédécesseur européen qui prenait, visiblement, ses instructions à Madrid et à Paris, jusqu'à oser franchir la ligne rouge qui est celle que doit observer tout un médiateur impartial de l'ONU... Pour le diplomate américain, la solution du conflit du Sahara occidental passe par le respect du «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Ce principe, il l'a réaffirmé jeudi à Madrid au secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Angel Lossada. M. Moratinos, qui n'a jamais «loupé» de rencontres avec M. Walsum, ni à Madrid, ni à New York, ni chaque fois qu'une telle occasion se présentait ailleurs, était curieusement absent à Madrid. Il se trouvait, chose rare, en visite de quatre jours en Equateur, après avoir passé trois autres à Washington. Madrid semblait toutefois, au regard du communiqué diffusé jeudi soir par le ministère des Affaires étrangères, rectifier sa position en collant un peu plus aux principes et moins au «plan marocain» avec lequel le gouvernement Zapatero cassait les oreilles des amis de la cause sahraouie, nombreux en Espagne. L'Espagne se dit favorable à «un accord politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'exercice de la libre autodétermination du peuple sahraoui conformément à la résolution 1813 du Conseil de sécurité». Les amis de la cause sahraouie restent sur leurs gardes. En choisissant de se rendre aussi à Madrid, Paris (où il se trouvait vendredi) et Washington (où il s'est rendu hier), M. Ross entend inviter les deux premières capitales à soutenir les principes du droit international et la troisième à s'engager comme puissance avec lui pour faire aboutir le prochain round des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, à Manhassat. Espoir donc. C'est encore le début. Mais signe encourageant pour les ONG qui soutiennent le Front Polisario : «Le silence du Maroc».