S'il y avait encore un doute quant à la position algérienne sur la question sahraouie, celui-ci a été totalement dissipé par la réaffirmation solennelle de la position constante de l'Algérie de soutien au peuple sahraoui. La problématique sahraouie est assurément entrée, ces derniers jours, dans une phase nouvelle de clarification des positions des uns et des autres sur la question récurrente de la décolonisation du Sahara occidental. Il est de fait que le rapport du secrétaire général de l'ONU, remis le 19 février au Conseil de sécurité, a eu le double mérite de faire clarifier autant la position de l'ONU que des parties au contentieux et, partant, de débusquer le Maroc, qui, longtemps, joua sur l'amalgame pour faire obstacle à une solution du conflit selon les règles du droit international. Car Rabat ne peut tromper toujours et tout le temps la communauté internationale et arrive bien un moment où chacun doit se déterminer. Ce moment est arrivé, quand, en réaction au rapport de Kofi Annan, plutôt que de prendre, acte du document onusien dans lequel le secrétaire général de l'ONU brosse les efforts (qui se sont avérés vains) de son envoyé personnel James A. Baker III, pour rapprocher les points de vue des belligérants marocains et sahraouis, Rabat, comme à son accoutumée accuse, de manière simpliste, l'Algérie, alors que la presse marocaine se déchaînait contre notre pays. Tout cela c'est du déjà-vu, mais il fallait bien, cette fois-ci, enlever tout doute quant à la position, entre autres de principe, de l'Algérie par rapport à la question sahraouie. Donc il fallait jouer carte sur table, ce que Alger a fait par la voix la plus qualifiée, celle du Conseil des ministres qui, dans un communiqué, avait remis les choses en place en resituant les faits et surtout en montrant que le soutien de l'Algérie à la cause du peuple sahraoui n'a jamais été clandestin, bien au contraire, l'Algérie, lit-on, «a effectivement défendu et défend ouvertement le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, comme elle a assumé la même position au profit de bien d'autres peuples à travers le monde. Elle s'honore de cet engagement fidèle à sa propre Histoire, tout comme elle constate que, sauf au Sahara occidental, le droit des peuples coloniaux à l'autodétermination et à l'indépendance, a été consacré partout ailleurs (...)». Et pour que personne ne s'y trompe, le Président Abdelaziz Bouteflika a personnellement pris part, mercredi dernier, à la célébration du 26e anniversaire de la création de la RASD en visitant les camps sahraouis à Tindouf. La présence du Président de la République aux célébrations de la RASD, première du genre d'un président algérien depuis les origines du conflit maroco-sahraoui, a également valeur de message à tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont espéré voir la position d'Alger se nuancer dans son soutien au principe du droit à l'autodétermination des peuples coloniaux et partant se désengager, peu ou prou, de la défense du droit du peuple sahraoui à exprimer, par la voie référendaire, le choix de sa destinée. A partir de Tindouf, le Président Bouteflika a, ainsi, émis un message fort, autant en direction du Maroc, que de tous ceux qui, jusqu'ici, ont permis au royaume chérifien, de jouer sur l'amalgame et d'entretenir la confusion sur la Sahara occidental, en réaffirmant: «L'Algérie, fidèle à ces principes inspirés de sa longue Histoire militante et des sacrifices de son peuple pour la liberté, la souveraineté et la dignité, n'a jamais failli d'apporter aux peuples opprimés son soutien conformément aux valeurs et engagements internationaux.» Soulignant: «Il est donc clair aujourd'hui que le conflit qui oppose le Maroc au peuple sahraoui et à sa direction est du ressort des Nations unies et du Conseil de sécurité qui représentent la légalité internationale et s'expriment sur tout ce qui touche aux conflits et dépassements dans le monde», relevant qu'«il est alors de leur devoir de soutenir le peuple sahraoui et de l'aider à exercer son droit à l'autodétermination conformément à ce qui est énoncé dans les recommandations du plan de règlement adopté par les accords de Houston». Il est patent que le Président Bouteflika fait autant une mise au point qu'une remise des choses à l'endroit en mettant chaque partie, notamment les Nations unies, face à ses responsabilités dans la solution du conflit au Sahara occidental, conflit relevant des résolutions pertinentes de l'ONU sur les peuples coloniaux explicitées singulièrement par la résolution 1514 (XV) de 1960. Le contentieux sahraoui demeure prioritairement une question de décolonisation à laquelle il convenait d'appliquer autant les résolutions des Nations unies sur ce cas d'espèces, que le plan de paix de 1990, confirmé (en 1997) par les accords de Houston, auxquels ont souscrit les deux parties belligérantes, le Maroc et le Front Polisario. Si ce plan de paix n'a jamais pu être mis en oeuvre, c'est essentiellement du fait des manoeuvres marocaines destinées à vider le processus référendaire de son objectif : permettre au peuple sahraoui de choisir, dans la transparence et la clarté, entre l'indépendance et l'intégration au royaume chérifien. Les Marocains avaient tout tenté pour avoir, comme l'a toujours voulu le défunt roi Hassan II, un «référendum confirmatif» (un concept inconnu en droit international) alors même que les Sahraouis, par la voix de Mohamed Abdelaziz, président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario, ont réaffirmé à maintes reprises que «le Front Polisario accepte tout résultat découlant du scrutin même s'il s'agit de l'intégration à condition que l'opération se déroule dans la transparence et l'honnêteté». Une position claire qui ne souffre aucune équivoque. Or, le Maroc a, de tout temps joué, sur la confusion pour faire admettre par la communauté internationale l'illégalité du fait accompli marocain au Sahara occidental.