L'Association des familles des prisonniers et détenus sahraouis (AFAPREDESA) s'apprête à rendre public, le 10 décembre à l'occasion de la journée internationale des droits de l'homme, un rapport "accablant" sur les pratiques du Maroc relatives aux "disparitions forcées" et aux "détentions arbitraires", a déclaré à l'APS son président, Abdesslem Omar Soulignant que le quotidien des Sahraouis dans les territoires occupés est fait d'exactions "permanentes" et de "graves" violations des droits de l'homme, le président de l'AFAPREDESA note que les "disparitions forcées" ainsi que les "détentions arbitraires" font partie des pratiques du Maroc en vue de "brimer" toute "voix" revendiquant l'indépendance du territoire sahraoui. L'Association, se basant sur les témoignages des proches des détenus et des disparus, s'attelle depuis quelques temps à rassembler toutes les "pièces à conviction" accablant le Maroc sur les conditions "inhumaines" dans les prisons, les tortures et les humiliations subies par les détenus. Mieux, affirme Abdesselem Omar, le Maroc s'emploie à "brouiller" les cartes en endossant des charges à caractère "politique" à l'encontre de Sahraouis accusés de délits relevant du droit commun. Actuellement, informe-t-il, ils sont pas moins de 75 détenus politiques sahraouis à croupir dans les geôles marocaines, dont 5 enfants incarcérés dans la prison d'Agadir. Les autorités marocaines avaient fait état de 34 cas de décès dans les prisons du royaume, relève Abdesslem Omar, un fait contesté par les familles des concernés dans la mesure où aucune preuve matérielle concernant les décédés ne leur a été présentée. Depuis le début du conflit avec le Maroc, le Front Polisario a enregistré 4.500 disparitions forcées, dont 500 non encore retrouvées et dont le sort demeure inconnu par les proches. En 2010, le Maroc reconnaissait l'existence d'"un total de 940 disparus, dont 638 détenus parmi lesquels 351 sont décédés au cours de leur détention, le reste ayant été libéré". "Des chiffres complètement erronés, en totale contradiction et qui sont bien loin de la réalité des faits", soutient Abdesslem Omar qui relève l'absence de dépouilles mortelles ou de certificats pouvant attester des décès annoncés. "Il a fallu que l'ex-envoyé spécial des Nations-Unies pour le Sahara occidental, James Baker, fasse pression sur le Maroc pour que celui-ci évoque cette question", précise le président de l'AFAPREDESA. La découverte, en février dernier, de deux fosses communes contenant les ossements de huit cadavres (dont ceux de 2 adultes) dans les territoires libérés démontre l'ampleur des atrocités commises par le régime marocain contre les droits humains des Sahraouis, déplore le président de l'Association qui milite pour la "dignité" des détenus et pour que la vérité sur le sort des disparus soit connue. Abdesslem Omar devait présider, le jeudi 21 novembre, une cérémonie de remise des ossements aux familles des victimes identifiées pour qui cette "identification représente une étape importante pour faire le deuil", avait-il déclaré récemment à l'APS, à la suite de la confirmation de la nature du décès des victimes (exécutés par balles) par un panel international de scientifiques. Le président de l'AFAPREDESA plaide, en définitive, pour que le territoire occupé soit "ouvert" aux experts internationaux et "indépendants" afin de faire "toute la lumière" sur ces dossiers en suspens.